Le Journal de Montreal - Weekend
UN FILM FORT
Un film de Katell Quillévéré. Avec Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner et Anne Dorval
On se laisse happer par cette histoire hors du commun qui aborde le don d’organes.
Simon (Gabin Verdet), 17 ans, s’échappe de chez lui avant l’aurore pour aller rejoindre deux de ses copains. Direction la mer, où le trio va aller faire du surf. Ils reprennent la voiture pour rentrer chez eux au terme de leur journée sportive et là, c’est l’accident grave.
Si ses amis s’en tirent avec quelques fractures, Simon, lui, est dans le coma. Après quelques examens complémentaires, le Dr Pierre Révol (Bouli Lanners) perd tout espoir de pouvoir sauver la vie de l’adolescent, Simon étant en état de mort cérébrale, seules les machines le maintiennent en vie. Il annonce la nouvelle à Marianne (Emmanuelle Seigner), la mère de Simon, puis à Vincent (Kool Shen), son père, et Thomas (Tahar Rahim), un autre médecin, parle du don d’organe. Et ce cadeau de la vie, c’est Claire (Anne Dorval) qui le recevra.
À la barre de ce drame sensible qui ne tombe jamais dans le larmoyant malgré le sujet douloureux, on trouve la cinéaste Katell Quillévéré (son deuxième long métrage, Suzanne, avait été présenté à Cannes) qui a porté à l’écran le scénario de Gilles Taurand, d’après le roman éponyme de Maylis de Kerangal.
Avec une économie de dialogues salutaire, la réalisatrice communique – en s’aidant de la trame sonore composée par l’exceptionnel Alexandre Desplat
(Godzilla ou Florence Foster Jenkins) – un véritable maelström de sentiments agitant les personnages tant principaux (Emmanuelle Seigner, Kool Shen, Anne Dorval et Tahar Rahim) que secondaires (Monia Chokri en infirmière, notamment, est mémorable).
Le talent des acteurs lui a, bien évidemment, permis d’emprunter cette route pudique et sensible, Katell Quillévéré pouvant ainsi se concentrer sur un visage, un regard, une réaction ou des gestes sans avoir besoin de passer par les mots pour que le spectateur sente le combat intérieur des parents (leur douleur, leur questionnement sur le don d’organe, leurs réticences initiales) et la formidable gratitude de Claire (le gros plan sur le visage d’Anne Dorval est le moment le plus fort de ce long métrage de 100 minutes). À voir.