Le Journal de Montreal - Weekend
LE SILENCE DES PIERRES
Peut-on imaginer que c’est dans cette forteresse que s’est décidée la naissance de notre pays? En effet, le roi François Ier a accordé ici même une audience à un intrépide marin malouin, Jacques Cartier, et il s’est laissé convaincre de financer une expédition à la recherche d’une route vers les Indes… ce qui a mené à la découverte du Canada.
Quelle incroyable destinée que celle de ce piton rocheux isolé par la marée haute qui a accueilli des constructions empilées qui font un pied de nez à la nature austère!
En déambulant dans ces rues étroites toutes pierreuses, je vois une petite chapelle qui date du 16e siècle. Une plaque m’informe que c’est ici, précisément, que Jacques Cartier a rencontré le roi, grâce à l’influence de l’abbé du Mont-Saint-Michel. Oui, ces lieux sont chargés d’histoire. Comment ne pas vibrer? Le Mont-Saint-Michel est la seule forteresse que ni les pirates, ni les Anglais, ni les rebelles ne sont parvenus à prendre à la France. «Elle est là depuis des siècles à s’exhiber aux quatre vents», disait de Gaulle.
Les religieux monastiques, qui aiment les retraites et le désert, trouvent ici une atmosphère austère propice à la prière. Les touristes n’ont pas accès à tous les lieux; la plupart demeurent réservés aux pèlerins et aux communautés.
Je suis allé à la messe dans l’abbaye, au sommet, qui date de l’an 709, dans le très haut Moyen-Âge… et qui fut fermée 1000 ans plus tard par la Terreur de la Révolution. Ce n’est que dans les années 1960 que les lieux ont été restaurés et rouverts au culte.
Depuis 2001, c’est la Fraternité monastique de Jérusalem qui s’occupe de l’abbaye. C’est la même communauté qui tient, près du métro MontRoyal, sur l’avenue du même nom, le sanctuaire du Saint-Sacrement.
Mea culpa, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre quelques photos le plus discrètement possible. Un prêtre m’a quand même entendu et est venu m’avertir de ranger mon appareil…