Le Journal de Montreal - Weekend
TENONS-NOUS ICI L’ALBUM DE L’ANNÉE ?
Désolé d’être en retard à la parade. J’étais, j’imagine, toujours sur les fesses après avoir écouté abusivement A Crow Looked At Me, le huitième album de Mount Eerie – nom de plume du touche-à-tout folk américain Phil Elverum – inspiré par le décès de son épouse, l’artiste québécoise Geneviève Castrée. RETOUR EN ARRIÈRE...
En 2015, une grenade éclatait chez les Elverum. Tout juste après avoir accouché de sa fille, Geneviève Castrée apprenait qu’elle souffrait d’un cancer.
En juin 2016, le couple habituellement discret faisait les manchettes en dévoilant une campagne de sociofinancement pour subvenir aux besoins de la famille affectée par la terrible maladie.
Puis, le mois suivant, l’artiste était emportée par ce damné crabe.
Avance rapide jusqu’en janvier 2017 lorsque Phil Elverum refait surface pour annoncer un album à venir, oeuvre qui a finalement été lancée en mars. Et quel disque!
PUIS MAINTENANT…
Dès Real Death, la pièce introduisant le LP, Elverum plonge dans le vif du sujet: la mort de son épouse. Bien que Mount Eerie abondait déjà dans la chanson hyper personnelle sur fond de mélodies minimalistes, Elverum pousse l’exercice jusqu’à son paroxysme.
Au diable la métaphore et les couches sonores sur cette nouvelle offrande! Ici, Elverum triture son deuil et, surtout, son amour dans une intimité désarmante. On en vient à se sentir de trop tant ses compositions semblent être, en fait, des monologues accompagnés à la guitare pour meubler le silence dans la maisonnée.
AU RISQUE DE S’EMPORTER
A Crow Looked At Me transcende le disque. C’est une expérience dont on ne sort pas indemne. Sûrement l’album de l’année.