Le Journal de Montreal - Weekend
« ÇA M’A DONNÉ ENVIE DE REPARTIR EN MER… »
Les producteurs de la nouvelle émission d’aventure La grande traversée ne pouvaient choisir meilleure coanimatrice que Mylène Paquette, première femme des Amériques à avoir franchi l’Atlantique en solitaire, à la rame.
Enthousiaste et empathique à souhait, elle nous raconte le voyage exceptionnel de 10 passagers qui se sont retrouvés dans la peau des premiers colons à s’embarquer pour le Nouveau Monde. Mylène, depuis le 11 avril, on peut vous voir aux côtés de Francis Reddy à l’animation de La grande traversée. Quel est le concept de l’émission?
Il s’agit de la quête du dépassement de soi de 10 Canadiens — 6 hommes et 4 femmes âgés de 22 à 44 ans — sélectionnés parmi 1200 personnes qui désiraient vivre l’expérience navale de leurs ancêtres, il y a près de 460 ans.
Le 4 juin 2015, ils sont montés à bord de L’Espérance — un trois-mâts semblable aux bateaux de l’époque —, vêtus d’habits de colons. Ils étaient inexpérimentés en navigation transatlantique, mais animés par le désir de vaincre la peur de l’inconnu.
L’équipage a-t-il suivi le même itinéraire que celui des ancêtres?
À peu près. Bien qu’on décide quel trajet on va suivre avant de partir, il arrive qu’on dévie de celui-ci ou qu’on soit ralenti à cause d’imprévus, comme les changements météo, le bris d’appareils, la perte d’accessoires, etc. Cela m’est arrivé d’ailleurs lors de mon périple, car j’ai chaviré plusieurs fois. J’ai même perdu mon éolienne, et j’ai dû réparer mon antenne et une rame pour me remettre en route.
Avez-vous suivi les participants durant leur croisière d’antan?
Francis et moi avons passé la semaine précédant le départ avec eux, à La Rochelle, pour compléter leur trousseau d’effets personnels, d’objets nécessaires au quotidien ainsi que leur réserve de nourriture. À partir du moment où le capitaine a fait larguer les amarres, nous n’avons plus eu de contacts.
Vous ne pouviez pas communiquer avec eux?
Non, ils ne disposaient d’aucun moyen de communication. Ils étaient vraiment laissés à eux-mêmes et devaient se débrouiller avec les moyens rudimentaires du XVIIe siècle; l’équipement de tournage était le seul appareillage moderne sur L’Espérance. Ce n’était pas le cas sur le Hermel, fort heureusement. Je bénéficiais d’un système de navigation et de matériel de communication à la fine pointe de la technologie. J’étais toujours en lien avec mon équipe terrestre.
Le recours à la technologie représentait un grand avantage par rapport aux conditions de non?
L’Espérance, Ça dépend... En mer, il n’y a qu’un seul maître à bord, le capitaine. Dans le cadre de l’émission, les passagers pouvaient prendre part aux discussions. Toutefois, autant de personnes, autant de perceptions différentes, ça complique parfois les choses! Moi, j’étais seule. Malgré tout, je ne partageais pas toujours l’avis de mes collègues à terre. Je suis restée sur mes positions quelques fois en me disant, à tort ou à raison, que la dernière décision me revenait. La grande traversée, réalisée dans le cadre du 150e anniversaire du Canada, est diffusée le mardi à 20 h, à Radio-Canada.