Le Journal de Montreal - Weekend

CONSTRUIRE SA VIE

- Isabelle Hontebeyri­e

∫ L’autre côté de novembre ∂∂∂∑∂∂

Film de Maryanne Zéhil. Avec Arsinée Khanjian, Pascale Bussières, Marc Labrèche, Raïa Haïdar, Béatrice Moukhaiber et David La Haye.

Au Liban, en 1974, Layla (Raïa Haïdar l’incarne jeune et Arsinée Khanjian la joue adulte) dit au revoir à sa meilleure amie Samira (Béatrice Moukhaiber). Layla part à Montréal et va devenir médecin.

En 2015, à Montréal, on retrouve une Layla plus âgée, qui a transformé son prénom en Léa. Neurochiru­rgienne, elle travaille avec la Dre Louise (Pascale Bussières), conjointe du Dr Bernard (Marc Labrèche). Léa a des étourdisse­ments, perd la mémoire. À des milliers de kilomètres, Layla (Arsinée Khanjian également) est une couturière dans un petit village du Liban. Mariée, avec trois enfants adultes, elle replonge dans son passé.

En 78 minutes, la réalisatri­ce Maryanne Zéhil explore bien plus que des souvenirs. Layla/Léa, au travers des souvenirs qu’elle revisite, examine ses choix. Car

L’autre côté de novembre est une oeuvre sur la manière dont on construit sa vie. Que serait-il passé si la jeune fille de 1974 avait pris une autre décision? Dans quelle mesure choisit-on réellement son existence et peut-on influencer le cours de celle-ci?

SENSIBILIT­É FÉMININE

Il y a aussi, dans cet Autre côté de novembre, une sensibilit­é féminine indéniable. Maryanne Zéhil n’hésite pas à aborder, avec beaucoup de doigté, la condition des femmes dans la société libanaise. Entre cette jeune Libanaise montréalai­se, battue par son mari et Layla, dont on apprend ce qu’elle a fait au sien un jour de novembre – d’où le titre –, elle s’interroge, montre le mariage forcé et l’isolement des villages. Le sujet s’y prêtant, elle aborde également la thématique de l’immigratio­n de manière extrêmemen­t subtile, Layla ne parvenant jamais vraiment à se détacher de son pays natal.

Mais le propos n’est jamais totalement limpide. Parce que Léa est malade, le spectateur se prend à imaginer que ses souvenirs sont déformés, voire que son existence même est rêvée. Le choix de la même actrice – Arsinée Khanjian est la compagne d’Atom Egoyan et on l’a vue dans La Captive – pour incarner ces deux personnage­s totalement différents renforce les questionne­ments qui planent sans cesse tandis que Maryanne Zéhil passe avec aisance et naturel de l’une à l’autre.

Surprenant à bien des égards, L’autre côté de novembre est le genre de film dont le charme subtil opère, presque sans qu’on en soit conscient.

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