Le Journal de Montreal - Weekend
LES BONS COUPS DE MICHAEL KEATON
Le triomphe de Birdman, en 2014, suivi de celui de Spotlight l’année suivante, ont donné un nouvel élan à Michael Keaton, qui était pour ainsi dire tombé dans l’oubli.
Le fondateur, paru cette semaine en version numérique, n’a pas connu le même succès. Mais sa composition très solide, dans ce film racontant la vie de l’homme derrière l’empire MacDonald’s, confirme qu’il est là pour rester. Retour sur les meilleurs coups de la carrière de ce grand acteur. BATMAN (1989) 3
En 1989, la première variation au cinéma de la célèbre bédé, sous la gouverne de Tim Burton, mettait en scène un Batman torturé et sombre, à cent lieues de l’approche farfelue adoptée pour le feuilleton télévisé des années 1960. L’auteur a su profiter de décors impressionnants pour donner à son film une allure fascinante. Michael Keaton compose un Batman convaincant, qui se fait néanmoins damer le pion par Jack Nicholson, éblouissant dans le rôle du Joker.
FENÊTRE SUR PACIFIQUE (1990) 4
Michael Keaton campe un psychopathe glaçant dans ce thriller de luxe et vaguement hitchcockien, réalisé par le regretté John Schlesinger (Macadam Cowboy). Melanie Griffith et Matthew Modine jouent pour leur part un couple idyllique aux prises avec ce locataire résolu à ruiner leurs vies. L’intrigue est menée avec intelligence et la réalisation fait montre d’un sens aiguisé du détail. Certaines recettes paraissent familières, mais l’ensemble captive sans relâche. La composition inquiétante de Keaton y est pour beaucoup.
MULTIPLICITÉ (1996) 4
Accaparé par ses obligations professionnelles et familiales, un père de famille se soumet à une expérience de clonage, qui génère trois autres versions de lui-même. – Réalisée par Harold Ramis (Le jour de la marmotte), cette comédie diablement drôle et efficace donne à Michael Keaton l’occasion de montrer une facette moins exploitée de son immense talent.
BIRDMAN (2014) 2
Éblouissant tour de force dramatique et audiovisuel, cette comédie existentielle mêle humour et désespoir au fil d’une réflexion détonante sur le succès et la créativité. Réalisé avec audace et brio par Alejandro Gonzalez Inarritu (Babel, Le revenant), le film nous entraîne dans la tête du protagoniste, perdu entre réalité et fiction. Dialoguant avec son alter ego entre deux numéros de télékinésie, croisant un batteur en train de jouer la musique du film, ou courant à moitié nu à travers un Times Square bondé, Michael Keaton trouve dans cet anti-héros – qui recoupe son personnage public – le rôle de sa vie.
SPOTLIGHT (2015) 3
En 2001, une équipe de journalistes du Boston Globe, dirigée par Walter Robinson (Keaton), révèle au grand jour les manoeuvres de l’archidiocèse de la ville pour protéger plus de 80 prêtres pédophiles. – Complémentaires sans être archétypés, les personnages de ce drame historique, récompensé par l’oscar du meilleur film en 2015, forment le choeur d’une institution (la presse écrite) qui constitue un personnage à part entière.