Le Journal de Montreal - Weekend

L’INVASION ALLEMANDE

- Gilles Proulx Collaborat­ion spéciale

Cette semaine, je continue mes chroniques de voyage au sujet des bouleverse­ments à Cuba. Quand je parle d’une invasion allemande de Cuba, touristiqu­ement parlant bien sûr, j’exagère à peine.

Nous, Canadiens et Québécois, avons été supplantés, en nombre et en argent, par les vacanciers originaire­s du plus puissant pays d’Europe. À Holguin, pendant ma dernière visite, se tenait une grande foire internatio­nale du tourisme où les autorités cubaines rendaient hommage à l’Allemagne. Une cinquantai­ne de sites de plongée, surtout fréquentés par des Allemands, permettent d’explorer des épaves de la grande époque de la piraterie, parmi les récifs de corail. Cette région en est une historique puisque c’est ici, à Bariay, que Christophe Colomb a posé le pied en 1492. «C’est là la terre la plus belle que des humains aient jamais vue», a dit le grand découvreur qui, après trois mois de privation en mer, devait se réjouir de ce qu’il pensait être une île près de la Chine ou des Indes, qu’il recherchai­t. Bizarre : à la petite école, on m’a toujours enseigné que c’était sur l’île de San Salvador que cet événement crucial a eu lieu. Mais partout dans le monde, on a ce genre d’affirmatio­ns douteuses : à Damas, en Syrie, on me montre le tombeau de saint Jean le Baptiste ; en Irlande, dans un monastère, on prétend détenir la tête dudit Jean le Baptiste… Allez donc comprendre! En tout cas, les Allemands sont friands d’histoire, plus que nous, malheureus­ement. Le Québécois moyen se contente de plage et de cerveza. Même si les Allemands, plus cultivés et plus riches que nous, nous supplanten­t nettement à Cuba, notre longue histoire d’amour avec cette île où nous avons été les premiers touristes réguliers – et par ailleurs, j’étais du premier voyage en 1970, vers Varadero – nous garantit un statut spécial. Les Cubains se souviennen­t que nous avons été les premiers à les sortir de l’isolement. Mais il n’y a pas que les Allemands qui volent notre place : les Russes se font de plus en plus nombreux et, tranquille­ment, ils nous rattrapent.

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