Le Journal de Montreal - Weekend
» «MAROON 5, ÇA AURAIT DÛ ÊTRE NOUS!
En 1996, un jeune groupe de Québec, qui n’avait même pas d’album sur le marché, surprenait le monde de la musique en étant engagé pour faire la tournée nordaméricaine de Céline Dion. «C’était un conte de fées», se souvient l’ancien chanteur de Soul Attorn
L’histoire de Soul Attorneys est pour le moins surprenante. Au début des années 1990, Jacques Gaines avait décidé de former un groupe avec deux autres musiciens de Québec, Éric Filto et Mathieu Dandurand. Grâce à leur impresario, Sébastien Nasra (aujourd’hui derrière M pour Montréal), les musiciens avaient été repérés par Sony Music.
Pour l’enregistrement de son tout premier album, Soul Attorneys s’était rendu à Los Angeles. C’est là-bas que le groupe avait rencontré Céline Dion. «Nous enregistrions dans le même studio qu’elle, dit Jacques Gaines. Le jour, c’était nous. Le soir, c’était elle. Elle faisait des voix pour Falling Into
You. Elle a entendu notre stock et René (Angélil) lui a dit qu’on venait de Québec. Elle nous a invités à faire la première partie pour sa tournée nord-américaine!»
Ainsi, sans aucune expérience («nous n’avions joué que dans des partys d’université devant 500 personnes!»), Soul Attorneys s’est retrouvé à ouvrir des spectacles pour la chanteuse dans des arénas devant des milliers de spectateurs. «On a commencé au GM Place, à Vancouver, dit Jacques Gaines. Il y avait 13 000 personnes! Après notre performance, ce soir-là, René est venu nous voir et il nous a dit: “Les gars, ce soir, ça aurait pu foirer, mais c’était bien bon!”»
En tout, le trio a accompagné la chanteuse pour 23 spectacles au Canada et 13 aux États-Unis. «C’était un conte de fées, dit Jacques Gaines. Après ça, on était complètement rodés. Mais le contraste a été dur. J’avais juste goûté à ça, l’autobus de tournée, les avions, etc. Quand ç’a redescendu après, ça me tentait plus ou moins.»
ÉCHECS CONSÉCUTIFS
Malgré l’aide de Céline Dion, Soul Attorneys n’a jamais véritablement connu de succès explosifs dans les ventes d’albums. Pour son premier disque, avec les morceaux These Are
the Days, See the People et So They Say, il en a écoulé 60 000 exemplaires. Mais dès le deuxième album, ça ne fonctionnait plus. Éric Filto a quitté le groupe, pour des raisons de santé. Et le groupe a été renommé J. Gaines and the Soul Attorneys. «Le deuxième album n’avait pas vraiment de direction artistique, dit Jacques Gaines. C’était comme une collection de tounes avec différents styles. C’était vraiment n’importe quoi. Si on en a vendu 5000, c’est bon.»
Après cet échec, Jacques Gaines a quitté Sony Music et décidé de faire cavalier seul. Il a lancé un premier album solo francophone, qui n’a pas eu le succès espéré. Et un nouvel album anglophone, en 2007, a aussi été un échec.
«Il n’y a rien qui a “pogné” dans mes deux albums, reconnaît Jacques Gaines. Je me disais que soit je n’écrivais pas des chansons qui fonctionnaient, soit les compagnies de disques ne voulaient pas les pousser. Je ne voulais pas la réponse.»
PRODUCTION VIDÉO
En 2008, il a annoncé à son entourage qu’il arrêtait la musique. «Ça venait aussi du fait que l’industrie du
disque est vraiment différente, dit-il. On ne vend plus des morceaux de plastique, on vend des shows.»
Passionné par la vidéo depuis son enfance, il a commencé à faire de la production de vidéo commerciale. Puis il est devenu consultant vidéo pour une agence de marketing. En 2012, il a été engagé par l’École de cirque de Québec comme fournisseur multimédia. «Ça fait cinq ans que je suis là, dit-il. Mais j’ai donné ma lettre de démission le mois dernier! J’ai tellement d’autres projets qui s’en viennent [voir autre texte].»
Quand on demande à Jacques Gaines s’il a des regrets par rapport à la carrière de Soul Attorneys, sa réponse ne se fait pas attendre. «Le seul regret que j’ai là-dedans, c’est que quand ça roulait d’aplomb, je pensais plus aux ventes de disques et au succès futur que j’allais avoir, au lieu d’apprécier ce que j’avais.»
«Je regarde un band comme Maroon 5 et je capote, poursuit-il. Ça aurait dû être nous autres! C’est le même genre. Un groupe de R&B cool avec un hipster qui chante. On n’a jamais eu la chance de se rendre à ce point-là. Mais on avait
Ayant quitté le monde de la musique il y a près de dix ans, Jacques Gaines y fera très bientôt un retour, annonce-t-il au Journal. «J’ai signé un contrat de disque il y a un mois et demi avec Vega Musique, dit le chanteur de 52 ans. Il y a un album qui s’en vient, mais je ne sais pas quand.»
Même s’il se tenait loin de l’industrie, Jacques Gaines a continué d’écrire et d’enregistrer des chansons, à temps perdu, au cours des dernières années. «Je n’avais pas l’intention de les publier», dit-il.
Il a déjà une trentaine de chansons anglophones dans ses tiroirs. Pourrait-il retravailler avec les anciens membres de Soul Attorneys? «Oui, mais ils sont à Montréal et moi, à Québec, dit-il. On verra bien!»
Passionné de photographie, Jacques Gaines a lancé sa chaîne YouTube il y a deux ans, dans laquelle il raconte son cheminement en apprentissage photo. «Je documente tout, les séances de photo, l’équipement dit-il. J’ai fait beaucoup de photos pour l’École de Cirque.» Récemment, il a aussi été engagé par les magasins Simons pour photographier leur catalogue en ligne.