Le Journal de Montreal - Weekend
BATMAN DANS TOUS SES ÉTATS
Héros mythique s’il en est un, Batman a connu plusieurs incarnations depuis sa création par le bédéiste Bob Kane en 1939. Au cinéma, la dernière en date est le Lego Batman, dans le film d’animation mi-admiratif, mi-satirique de Chris McKay, paru en DVD et en VSD ce mardi. Entre-temps, il y aura eu à l’écran ces quatre autres déclinaisons majeures du fascinant justicier ténébreux.
BATMAN (1966)
C’est sur un mode parodique, et entouré de décors psychédéliques très années 1960, que Batman fait ses débuts au cinéma, sous les traits du regretté Adam West. Dans cette histoire fantaisiste, inspirée de la série télévisée qui faisait fureur à l’époque, le justicier en collants, flanqué de son fidèle Robin (fluet Burt Ward), combat à la fois le Joker, le Pingouin, le Sphynx et Catwoman, à grands coups de «Pow!!», «Wiz!!», «Splach!!!» et autres onomatopées hilarantes. La réalisation volontairement maladroite de Lewis H. Martinson ajoute au plaisir de cette expérience.
BATMAN (1989)
Tim Burton remet les pendules à l’heure en proposant un Batman (nuancé Michael Keaton) beaucoup plus fidèle à l’esprit sombre des BD de Kane, qu’il fait évoluer dans des ambiances gothiques envoûtantes. Ce premier épisode, où brillait Jack Nicholson en terrifiant Joker, a été suivi du tout aussi réussi Le retour de Batman. Mais ensuite, Burton a passé la main à Joel Schumacher, qui a lentement dénaturé la proposition pour aboutir au navrant Batman et Robin, qui reprenait involontairement les tics de la risible série télé des années 1960. Dommage!
BATMAN - LE COMMENCEMENT (2005)
Aussi ambitieux et visionnaire que Tim Burton, Christopher Nolan relance avec intelligence et panache la franchise en imaginant une nouvelle genèse à Batman (sobre et charismatique Christian Bale). Mais surtout, ces aventures se déroulent dans un contexte plus réaliste, rendant du coup plus puissante l’irruption d’éléments fantastiques dans le récit. Le réalisateur de Origine et Interstellaire atteint des sommets de profondeur psychologique et d’intensité dramatique avec l’épisode suivant, Le chevalier
noir, devenu légendaire grâce à l’extraordinaire prestation du regretté Heath Ledger dans le rôle du Joker.
BATMAN - GOTHAM KNIGHT (2008)
Parallèlement à ces deux franchises sont parues plusieurs versions animées des aventures de l’homme chauve-souris, la plupart reprenant les ambiances sinistres des BD d’origine, dont Batman – Assaut sur Arkham
ou Batman – The Dark Knight
Returns, d’après le roman illustré de Frank Miller (Sin
City, 300). Produit au Japon, composé de six histoires courtes, Batman - Gotham
Knight se distingue du lot par son style visuel inventif, inspiré du manga et des «anime». De valeur inégale, ces différents segments rendent cependant toujours justice à la richesse psychologique de l’Homme en noir.