Le Journal de Montreal - Weekend
« LE RAP VA TOUJOURS RESTER UNE MUSIQUE MARGINALE »
Aussi heureux était-il que le hip-hop soit enfin reconnu à heure de grande écoute, au dernier Gala de l’ADISQ, Rymz, n’a pu s’empêcher de noter l’absurdité de la chose. « J’étais assis à côté d’artistes connus qui vendent moins d’albums que moi. »
Ainsi va la vie dans le rap québécois, qui demeure principalement confiné dans la marge, malgré son succès indéniable auprès des jeunes et ses salles remplies.
« Le rap va toujours rester une musique marginale. C’est correct comme ça. C’est ce qui rend le style intéressant. C’est comme le rock à l’époque », balance Rymz sur le ton de la lucidité.
Avec ses 10 000 albums vendus, Rymz, le nom d’artiste de Rémi Daoust, compte néanmoins parmi les quelques représentants du rap québécois qui commencent à fracasser ce plafond de verre. Récemment, il a fait une apparition à La
Voix junior. Avec Eman X Vlooper, il pourra même montrer son savoir-faire au Centre Vidéotron, en juin 2018, en première partie de IAM.
SON EXUTOIRE
Pour cet éducateur, qui travaille auprès de jeunes âgés de 6 à 12 ans, dans la vie de tous les jours, le rap constitue un exutoire, une manière d’évacuer la violence qui sommeille en lui.
S’il va trop loin dans ses textes, ce n’est pas un problème pour ses collègues de travail. Par contre, un rapport de police évoquant « un risque important » l’a récemment contraint à annuler un concert à Sherbrooke. « Je n’ai pas eu de répercussions, à part la perte monétaire. Au travail, ils m’encouragent dans ce que je fais. Avec tous les congés que je demande pour ça… », note-t-il en riant.
CRÉER LA NUIT
Pour Mille soleils, le troisième album solo de cet ancien du groupe Mauvais acte, Rymz a décidé de changer sa méthode de travail. Toutes ces chansons ont été composées et enregistrées au fur et à mesure, la nuit, en studio. Ce n’est qu’une fois cette étape franchie qu’il a mis de l’ordre dans son matériel.
« Je ne réécoutais pas mes tounes. Même pour moi, l’album est nouveau. Je suis en train d’apprendre mes chansons et de les apprivoiser. Je n’étais pas sûr au début, mais maintenant, je l’aime beaucoup. »
Comme Petit prince, le titre de l’album à une connotation pas mal plus positive que les textes qu’il contient. « En général, mon oeuvre est très contradictoire », convient Rymz, qui s’est appliqué sur Mille soleils à décrire l’absurdité de la vie.
Mille soleils, en vente dès maintenant
Rymz en concert le 20 janvier, à l’Impérial Bell de Québec.