Le Journal de Montreal - Weekend

« JE ME SENTAIS COMME SI » JE N’ÉTAIS PLUS RIEN

Trente-cinq ans après le hit Talk About It, qui a résonné sur les ondes de toutes les radios québécoise­s, avoir réussi a Diane « Belgazou » Guérin confie réussi à trouver la sérénité. Les moqueries de rock et Belles Oreilles et une carrière qui s’est term

- YVES LECLERC Le Journal de Québec yves.leclerc @quebecorme­dia.com

À l’aube de ses 70 ans, Diane Guérin a trouvé le bonheur, la paix et la sérénité, lorsqu’elle a décidé, à l’âge de 55 ans, de prendre sa retraite et d’aller vivre au bord d’un lac dans la région de Lanaudière.

« C’est là que j’ai reconstrui­t mon petit bonheur. Dans la vraie vie et dans les vraies choses, avec les bibittes, les mouches noires, les maringouin­s et surtout la belle nature. Je suis dans un paradis où c’est de toute beauté », at-elle laissé tomber, lors d’un entretien.

Après avoir connu un départ fulgurant en 1982 avec l’album Belgazou, la chanteuse originaire de Lachine, qui a passé son enfance à Saint-Henri, a lancé deux autres disques avant de frapper un mur avec J’l’aime encore, en 1992.

Un disque où elle avait retrouvé le nom de Diane Guérin, et qui est demeuré dans l’anonymat.

« Ça a été dur. J’avais investi de l’argent là-dedans. Je me suis retrouvée seule, dans la dèche et avec des dettes. Je gardais des enfants, je faisais des ménages et je chantais dans des clubs

cheaps où on voulait que je fasse des tounes de Marjo et de ci et de ça. Je me sentais comme si je n’étais plus rien », a-t-elle révélé. RETROUVER SA DIGNITÉ

Diane Guérin croit que cette décision de remiser le nom Belgazou s’est avérée, avec le recul, un très mauvais choix.

« J’ai changé mon nom, à la suggestion de mon gérant, parce que l’on riait de Belgazou. Les stations de radio ne voulaient plus faire jouer mes chansons en raison de ce nom. Ce fut une très mauvaise décision », a-t-elle observé.

Avec J’l’aime encore, où Nicolas Peyrac avait écrit plusieurs chansons, Diane Guérin était convaincue d’avoir un excellent disque entre les mains. Un album qu’elle juge le meilleur de sa carrière

« Il y a quelques chansons que j’aurais enlevées, mais il y en avait six ou sept qui auraient pu être des hits. Ma carrière aurait été relancée. J’avais un super album entre les mains et ce fut très décevant de voir que ça ne débloquait pas. J’ai comme perdu confiance en moi », a-t-elle mentionné. Le disque pour enfants Le rêve

enchanté, lancé en 2000, lui permet de vivre de beaux moments et de retrouver cette confiance qu’elle avait perdue.

« J’ai, avec ce projet, retrouvé ma dignité. Des petits bouts de chou de deux à cinq ans venaient me voir, m’embrasser et me coller. J’étais aux anges. Je me suis ensuite enfermée à la campagne et je ne suis plus sortie. Je n’avais plus le goût d’aller dans le monde. Je n’allais même plus au restaurant. Et même aujourd’hui, je suis encore comme ça. Je suis bien chez moi. C’est devenu mon petit havre de paix », confie-t-elle.

UNE FILLE DE MAISONS

Après quatre ans sur la route avec le spectacle Le rêve enchanté, Diane Guérin a officielle­ment pris sa retraite.

« J’avais, heureuseme­nt, de l’argent placé avec l’Union des artistes. J’avais fait beaucoup de télé et j’avais un bon fonds. Je pouvais, à 55 ans, retirer un pourcentag­e de cette somme chaque année. Je me suis acheté une petite maison de campagne à Saint-Côme. J’ai travaillé dessus durant sept ans et je l’ai ensuite revendue avec un gros profit. J’en ai ensuite acheté trois autres sans penser que j’allais les revendre. Je les rendais belles et ensuite il n’y avait plus rien à faire et je me mettais à regarder celles qui étaient à vendre sur internet », a-t-elle dit.

Diane Guérin était peut-être plus, finalement, une fille de maisons qu’une artiste.

C’est ce qu’elle constate après toutes ces années où elle a retapé des appartemen­ts et des maisons.

« J’ai déménagé une trentaine de fois dans ma vie. Je ne suis pas capable de rester à la même place et j’aime décorer. Je louais un appartemen­t à Montréal et le propriétai­re était super content parce que j’arrangeais tout son appartemen­t.

Je peinturais, j’investissa­is, je posais de la tuile et je ne demandais jamais rien en retour. Et au bout d’un an, paf, je partais et je recommença­is ailleurs. Je me rends compte aujourd’hui que c’était ça, ma passion.

J’aurais dû acheter une maison très jeune et aujourd’hui, je serais riche. C’est fou tout ce que j’ai dépensé à déménager », a-t-elle lancé, en éclatant de rire.

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