Le Journal de Montreal - Weekend

LA REMISE EN QUESTION DE JEAN-PHILIPPE DION

Jean-Philippe Dion dit avoir traversé une période de remise en question profonde en 2015. Une période durant laquelle il cherchait à s’engager socialemen­t, mais sans vraiment savoir comment procéder. « Ma réflexion, c’était : je fais du divertisse­ment, je

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX Le Journal de Montréal ICI Radio-Canada Télé présente le documentai­re Bye mardi à 21 h. Diffusion simultanée sur ICI RadioCanad­a Première et sur Facebook.

Articulé autour du suicide du fils d’Alexandre Taillefer, Thomas, le film des réalisateu­rs Frédéric Nassif et Mathew McKinnon aborde le problème de cyberdépen­dance des jeunes. On y montre comment le célèbre homme d’affaires québécois tente de faire avancer les choses pour éviter qu’un drame comme le sien ne se reproduise.

On voit notamment Alexandre Taillefer questionne­r des adolescent­s accros au web pour essayer de comprendre pourquoi ils passent autant de temps devant leur écran d’ordinateur. Spontanéme­nt, certains avouent être victimes d’intimidati­on et chercher un exutoire. D’autres révèlent avoir déjà essayé de mettre fin à leurs jours.

GRAND PUBLIC

En entrevue, Jean-Philippe Dion raconte avoir pensé à produire Bye en voyant Alexandre Taillefer parler du décès tragique de Thomas à Tout le

monde en parle, en avril 2016. En juin, il exposait son projet au propriétai­re de Téo Taxi. Après une première rencontre de 30 minutes, ce dernier acceptait d’y prendre part à une condition : que leur film soit grand public.

« Il ne voulait pas raconter une histoire aussi difficile et personnell­e pour qu’en fin de compte, elle rejoigne seulement 15 000 personnes un samedi soir à 23 h », précise Jean-Philippe Dion.

Quelques jours plus tard, tout était réglé : Bye serait non seulement présenté à heure de grande écoute sur ICI Radio-Canada Télé ; il serait diffusé en simultané sur ICI Radio-Canada Première et sur Facebook.

Jean-Philippe Dion venait ainsi d’atteindre l’objectif qu’il s’était fixé quelques mois plus tôt : faire une différence. « Mon pouvoir, c’est de proposer des projets à des diffuseurs. Je suis heureux de m’en être servi pour réaliser un projet qui devrait faire bouger les choses. »

UNE CAUSE PERSONNELL­E

Les problèmes de santé mentale touchent particuliè­rement Jean-Philippe Dion. Sa mère en souffre depuis longtemps. Voilà pourquoi Bye occupe une place spéciale dans son coeur.

« J’ai visité plusieurs hôpitaux. Je côtoie les aberration­s de notre système de santé. Je suis chanceux : ma mère va bien. Mais j’ai beaucoup de collègues et d’amis aux prises avec des troubles anxieux. Je vois aussi à quel point c’est tabou, la santé mentale. Quand j’en parle, je vois souvent des yeux ronds autour de moi. Mon but, c’est de briser le tabou. »

À POINT NOMMÉ

La diffusion de Bye arrive à point. La semaine dernière, un jeune homme de 15 ans, victime d’intimidati­on, s’est enlevé la vie en sautant devant un train à Saint-Bruno-de-Montarvill­e. Et comme Thomas, ce dernier avait partagé ses intentions sur internet avant de commettre l’irréparabl­e.

« Des jeunes comme Thomas et Simon, il y en a plein d’autres, indique Jean-Philippe Dion. On veut éveiller les conscience­s. On veut aussi des investisse­ments du gouverneme­nt en santé mentale. Ce qu’Alexandre (Taillefer) prône, ce n’est pas une injection de 5 ou 10 millions $. C’est un demi-milliard. On sait que c’est énorme. Mais c’est ce qu’il faut. Pour Thomas, les médecins n’ont pas été capables de détecter qu’il était en détresse. Personne n’a fait de suivi. On a besoin de plus de prévention, de détection et d’argent. »

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