Le Journal de Montreal - Weekend

COMMENT JAMES FRANCO DEVINT LE RÉALISATEU­R D’UN NAVET

The Disaster Artist, c’est Tommy Wiseau incarné par James Franco. L’homme est connu pour avoir réalisé The Room, considéré comme le pire navet de l’histoire du cinéma, bien loin devant les oeuvres d’Ed Wood… c’est tout dire !

- ISABELLE HONTEBEYRI­E Agence QMI The Disaster Artist arrive dans les salles obscures dès le 8 décembre.

En 2001, Tommy Wiseau rédige une pièce de théâtre appelée The Room, examen d’un triangle amoureux entre un banquier, sa petite amie et son meilleur ami. Rien ne menant nulle part, Wiseau décide alors d’en tirer un roman… mais il est incapable de le faire publier. De dépit, il écrit un scénario. Se débrouilla­nt pour trouver six millions de dollars (il dira qu’il s’agit de son argent personnel), il tourne The Room en se réservant le rôle du banquier et en donnant celui de son meilleur ami à Greg Sestero (incarné dans le film par Dave Franco).

FLOP RETENTISSA­NT

Jamais à court de ressources, Wiseau se débrouille, en 2003, « pour le sortir pendant deux semaines à Los Angeles afin de qualifier le film pour les Oscars. Ça montre à quel point il y croyait », de raconter James Franco lors de la promotion de The Disaster Artist, succès surprise du Festival SWSX, où les spectateur­s lui ont réservé une ovation debout. Mais le verdict du box-office est sans appel. En deux semaines, The

Room engrange péniblemen­t 1800 $. C’est un flop retentissa­nt.

Le miracle se produit néanmoins sous la forme d’un bouche-àoreille efficace. Car le long métrage est tellement nul – les sous-intrigues abondent, les dialogues sont ridicules, la réalisatio­n est lamentable, etc. – que les cinéphiles demandent absolument à le voir en salle.

The Room acquiert alors un statut culte semblable à celui de The Rocky Horror Picture Show, dans un genre totalement différent, au point que des célébrités telles que Kristen Bell ou Paul Rudd en vantent les mérites particulie­rs. En 2013, Greg Sestero publie ses mémoires de The Room dans une autobiogra­phie intitulée The Disaster Artist. Point Grey Pictures, la compagnie de production de Seth Rogen, s’empare des droits d’adaptation.

LE FILM D’UN FILM…

Rogen demande à James Franco de réaliser le long métrage et l’artiste multidisci­plinaire s’octroie le rôle de Tommy Wiseau. « Vous savez, il a réalisé le film sans jamais sortir de son personnage », commentait Seth Rogen, lors de la projection à SXSW en mars dernier. Je n’arrivais pas à travailler. Pendant les deux premiers jours, je n’en étais tout simplement pas capable. Tout le monde me demandait où était James ».

Se mettant totalement dans la peau de Wiseau, James Franco porte une perruque de longs cheveux noirs, s’est fait coller des prothèses sur le visage, afin de modifier ses traits et, comme l’homme qu’il incarne, parle avec un accent indéfiniss­able des pays de l’Est de l’Europe.

« Au départ, nous avons quand même été obligés de dire aux studios de ne pas s’inquiéter et qu’il y aurait suffisamme­nt de célébrités obsédées par

The Room qu’elles nous demanderai­ent d’effectuer une apparition dans le film », précise James Franco.

C’est ainsi que plusieurs personnali­tés dont J.J. Abrams, Zach Braff, Judd Apatow, Bryan Cranston et Kristen Bell jouent leur propre rôle, tandis que Tommy Wiseau est visible dans une scène suivant le générique de fin.

« Tommy était avec nous lors de la première mondiale à SXSW. J’ai réalisé après que c’était la première fois de sa vie qu’il assistait à une projection lors de laquelle les rires n’avaient rien d’une moquerie », conclut James Franco.

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