Le Journal de Montreal - Weekend

ART ET ÉLÉGANCE

Avec Phantom Thread, Paul Thomas Anderson livre un film dans lequel Daniel Day-Lewis et Vicky Krieps jouent de leur personnage comme d’une partition délicate, donnant vie à une histoire obsédante.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E Agence QMI

Phantom Thread ∂∂∂∂∂∑ Un film de Paul Thomas Anderson Avec Vicky Krieps, Daniel Day-Lewis, Lesley Manville

Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis) est un grand couturier britanniqu­e. Autrement, dit, un génie qui habille les femmes de la haute société. Dans son atelier, supervisé par Cyril (Lesley Manville), qu’on imagine être sa soeur, ses petites mains s’affairent à donner vie à des créations somptueuse­s. Pour exercer son art, Reynolds a besoin de calme, de rigueur, d’un carcan soigneusem­ent défini dont on mesure toute la rigidité lorsqu’il accueille Alma (Vickey Krieps) chez lui, dernière en lice d’une longue lignée de muses et amantes, rapidement mises dehors lorsqu’elles commencent à exiger trop d’attention.

FIL FANTOMATIQ­UE

Alma est douce, compréhens­ive, totalement malléable. Elle accepte volontiers de ne pas faire de bruit en mangeant ses tartines le matin et se plie aux exigences de l’homme dont elle tombe amoureuse. Du moins, au début. Reynolds étant un peu trop rigide, elle se regimbe et tente d’imposer sa volonté. Peine perdue.

RELATION HUMAINES

On n’en dira pas plus. Phantom

Thread, comme ce fil fantomatiq­ue que décrit le titre, se déroule lentement à la manière d’un fil d’Ariane. On suit d’autant plus aveuglémen­t les méandres dans lesquels nous entraîne Paul Thomas Anderson (Le maître) que le réalisateu­r et scénariste filme tout à la perfection. Le spectateur palpe les étoffes, sent l’odeur de l’atelier, du pain grillé, de l’omelette.

Les visages des actrices font penser au Rebecca» d’Hitchcock et Alma (le prénom de la femme d’Hitchcock, hasard ou coïncidenc­e, on ne le saura jamais) ressemble parfois, tour à tour, à Simone Signoret et Véra Clouzot dans

Les diabolique­s. Le tout est accompagné de la somptueuse trame sonore de Jonny Greenwood (de Radiohead), le violon remplaçant le piano pour appuyer les moments tragiques.

Phantom Thread, c’est d’abord une étude sur les relations humaines, leur profondeur, la richesse des non-dits exprimés par les deux acteurs principaux en un seul regard. Et aussi, surtout, des surprises scénaristi­ques, sympathiqu­es car tordues, qui rendent ce long métrage jubilatoir­e. Chapeau !

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Le film raconte l’histoire du grand couturier Reynold Woodcok et de sa compagne, Alma.
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