Le Journal de Montreal - Weekend
LIAM NEESON, ENTRE ACTION ET CONVICTION
Dans Mark Felt – The Man Who Brought Down the White House, Liam Neeson compose un personnage fascinant d’ambiguïté, dont il a le secret. Par un heureux hasard, le film de Peter Landesman paraît en DVD et en VSD trois jours avant les sorties en salle du dernier Spielberg, Le Post et du thriller Dernier arrêt, quatrième collaboration entre Neeson et Jaume Collet-Serra, après Hors de moi, Sans arrêt et Une nuit pour survivre.
On ne saurait mieux illustrer l’étonnante filmographie du célèbre acteur irlandais, où les productions élémentaires voisinent des oeuvres plus exigeantes et introspectives, telles les cinq suivantes :
LA LISTE DE SCHINDLER (1993)
Un industriel allemand sauve de l’Holocauste les employés juifs de son usine de Cracovie.
Liam Neeson campe avec un élégant mélange d’autorité et de retenue Oskar Schindler dans cet admirable drame historique de Steven Spielberg.
Rimé en noir et blanc, le plus souvent avec une caméra à l’épaule, le style trahit un sentiment d’urgence qui sied magnifiquement au propos humaniste du cinéaste.
MICHAEL COLLINS (1996)
Les activités terroristes et politiques d’un révolutionnaire irlandais jusqu’à son assassinat en 1922.
Liam Neeson était né pour incarner le cofondateur de l’IRA, dans ce biopic à la fois spectaculaire et romantique de son compatriote Neil Jordan. Magnifiquement photographié, l’ensemble est toutefois débalancé par un triangle amoureux peu convaincant.
KINSEY (2004)
La vie du docteur Alfred Kinsey, dont les ouvrages sur la sexualité ont bouleversé les États-Unis dans les années 50.
Au sommet de son art, Neeson défend de manière bouleversante cette autre figure historique controversée dans ce drame vif, soigné et fort bien documenté du polyvalent Bill Condon (Ni dieux ni démons, La belle et la bête).
3 BATMAN - LE COMMENCEMENT (2005)
Traumatisé par le meurtre de ses parents, le milliardaire Bruce Wayne suit un entraînement rigoureux auprès du guerrier Ducard, avant de devenir le justicier masqué Batman.
Tout a été dit sur ce brillant épisode inaugural de la trilogie du Chevalier
noir de Christopher Nolan. Si ce n’est que par son formidable charisme, Neeson, dans la peau du mystérieux Ducard, éclipse à maintes reprises le pourtant doué Christian Bale.
SILENCE (2016)
Au 17e siècle, deux prêtres jésuites partent à la recherche de leur mentor, qui aurait renié sa foi chrétienne alors qu’il était en mission d’évangélisation au Japon.
Bien qu’il ne soit présent qu’au début et à la fin de ce
solennel drame historique magnifiquement mis en scène par Martin Scorsese (Chauffeur de taxi, La dernière
tentation du Christ), Neeson crève l’écran en religieux brisé par des actes d’un sadisme et d’une cruauté sans nom. À ses côtés, Andrew Garfield et Adam Driver sont tout aussi intenses.