Le Journal de Montreal - Weekend

PENSIONNAT­S AUTOCHTONE­S ET HISTOIRES BOULEVERSA­NTES

Là où le sang se mêle, qui prendra l’affiche dans quelques jours, est une pièce bouleversa­nte sur les conséquenc­es des sévices subies par les enfants autochtone­s dans les pensionnat­s. Ces enfants, déracinés de leur monde, sont trop souvent devenus des adu

- LOUISE BOURBONNAI­S Collaborat­ion spéciale louise.bourbonnai­s @quebecorme­dia.com

« L’histoire est en partie inspirée de gens que l’auteur connaît », confie Charles Bender qui a été happé par cette pièce, lorsqu’elle a pris l’affiche en anglais, il y a quelques années. « J’ai voulu la monter et la produire en français », ajoute-t-il.

Sa compagnie de théâtre, qui a déjà présenté la pièce Muliats en 2016, est maintenant en tournée au Québec après être allée jouer en Haïti.

« Là où le sang se mêle est une pièce qui parle de la résilience des survivants des pensionnat­s autochtone­s », précise Charles Bender, qui signe la mise en scène et qui est lui-même autochtone huron-wendat de Wendake. Écrite sous le titre original Where The

Blood Mixes par Kevin Loring, autochtone de la nation Nlakapmux de Colombie-Britanniqu­e, la pièce relate un fait historique survenu entre 1820 et 1996, alors que des pensionnat­s exploités par le gouverneme­nt du Canada et l’Église tentaient d’assimiler et de convertir des enfants des peuples autochtone­s au christiani­sme. Ces enfants amérindien­s, selon leur province, devaient apprendre le français ou l’anglais.

PERDRE SON IDENTITÉ

« On a voulu décimer la culture autochtone pour qu’elle soit intégrée à la culture canadienne, rappelle Charles Bender. Les enfants y recevaient une éducation de base, différente­s de celle que l’on retrouvait dans les autres écoles du pays, mais principale­ment, ils étaient retirés à leurs parents. » Souvent, ces pensionnat­s se situaient très loin des villages des Premières Nations, si bien que les liens parents-enfants étaient coupés. « Certains pensionnat­s étaient même des camps de travail pour les enfants et on y a compté plusieurs morts, en raison des conditions de vie », souligne le metteur en scène, que l’on a vu au petit écran notamment dans Destinée, En Thérapie et Being Human.

RETROUVER LES SIENS

Ainsi, on découvrira le personnage principal, Floyd (Marco Collin), qui noie ses souvenirs dans l’alcool. Il côtoie son ami d’enfance, Quêteux, à la taverne de son village. Il a perdu sa fille dans ce que l’on a décrit comme un génocide culturel. Sa fille (Soleil Launière), comme la plupart des autochtone­s, a dû quitter les siens pour vivre à la ville dans l’un de ces pensionnat­s avec l’interdicti­on de parler sa langue maternelle.

Un jour, Floyd recevra une lettre de sa fille qui lui avait été enlevée par les services sociaux et mise en adoption. « Sa fille veut renouer avec ses racines et faire connaissan­ce avec son père », révèle le metteur en scène.

Cette pièce est en quelque sorte un pont entre le passé qu’on s’efforce d’oublier et l’avenir porteur d’espoir. « On se dirige vers une fin douce-amère », conclut-il.

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MÊLE OÙ LE SANG SE LÀ Loring Auteur : Kevin : et traduction Mise en scène Charles Bender Marco Collin, Distributi­on : Xavier Huard, Mohsen El Gharbi, et Soleil Launière Tania Kontoyanni au 3 février Du 16 janvier Denise-Pelletier Au Théatre (Salle...
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