Le Journal de Montreal - Weekend
Dans l’univers créatif d’Heather O’Neill
L’écrivaine montréalaise Heather O’Neill propose une incursion dans un univers complètement déjanté, fantaisiste et magique – un vrai recueil de contes de fées pour adultes avec La vie rêvée des grille-pain, la traduction française de Daydreams of Angels.
En conteuse remarquable, Heather raconte l’histoire d’un ours et d’un tzigane, d’une troupe de ballet composée de clones de Rudolf Noureev, d’anges descendant du ciel par milliers le jour du Débarquement. Avec son imaginaire débordant, elle a créé un androïde doté d’un sens de l’humour et imaginé qu’on récoltait les bébés sur la plage, à marée basse.
Qu’est-ce qui lui inspire ces histoires merveilleuses, diablement originales, sorties de la création à l’état pur ? « Les idées pour ce livre me sont apparues comme des flashes. En écrivant un roman, quelquefois, des petites idées étranges me passaient par la tête. Elles ne se plaçaient pas nécessairement dans le roman. C’était comme l’élaboration d’une métaphore. C’était une rêverie. »
Un personnage loufoque de grand-père revenait sans cesse dans son imagination. « Il racontait des histoires complètement folles auxquelles personne ne prêtait attention. Il racontait, par exemple, avoir été élevé par un loup quand il était enfant... et ajoutait que trois gamins de sa classe avaient été élevés par des loups... »
Heather rit. « J’ai imaginé d’autres histoires... c’était un peu comme planter des graines d’histoires, les voir grandir et ensuite les récolter. Il ne me restait plus qu’à les élaborer. »
Heather O’Neill explique que lorsqu’elle écrit des romans, elle commence habituellement par ses personnages. Mais dans le cas de La vie rêvée des
grille-pain, ces idées folles apparaissaient en premier. Comme les clones de Noureev, qui ne peuvent pas danser.
« Une grande partie de mon imagination provient d’un endroit bizarre dans mon cerveau qui me murmure, hé, Heather, que dis-tu de cela ? Je réponds que c’est complètement fou. Mais je dis... d’accord, je vais essayer. »
Elle se laisse aller totalement dans la création. « J’aime pousser mon histoire au maximum. Il y a parfois un côté sombre et beaucoup de sexualité dans mes histoires. Mais je n’y peux rien : c’est là que m’a menée mon imagination ! Si je commence à me censurer, je n’aurai plus la liberté de créer toutes ces histoires. »
L’écrivaine est d’accord : ce sont des contes de fées pour adultes qu’elle raconte. « J’ai toujours été fascinée par les contes de fées et les contes de l’époque victorienne. Plusieurs de mes personnages féminins en sont empreints. C’était très agréable de placer de vieux contes européens dans un contexte montréalais et québécois. »