Le Journal de Montreal - Weekend
TRAUMATISÉE PAR AMÉLIE POULAIN
Sa formation en danse lui a permis d’obtenir des rôles dans Casse-Noisette, mais sa vocation est d’être non loin d’une caméra. L’actrice aux goûts éclectiques partage souvenirs et réflexions…
Rose-Marie, quel est votre premier souvenir d’une salle de cinéma ?
C’est d’être allée voir Le fabuleux
destin d’Amélie Poulain avec ma mère lorsque j’avais cinq ou six ans. Or, au début du film, Amélie se demande combien de gens sont en train d’avoir un orgasme en même temps. Ça m’a vraiment traumatisée et nous sommes parties ! Dix ans plus tard, nous l’avons revu ensemble et ça s’est mieux passé ! Je crois que c’est le cinéma qui m’a révélé ma vocation. Avec mes parents, j’ai commencé à voir des films très jeune. Ensuite, quand Xavier Dolan a commencé à sortir ses oeuvres, ça m’a fait réaliser que la chose que j’aimais le plus au monde – regarder des films et imaginer des histoires – était un métier, j’ai fait le lien. Au début, je me voyais autant écrire que réaliser, mais, à force de voir des films, j’ai réalisé que ce que je préférais était de jouer, d’être actrice, d’être devant la caméra. Les autres aspects m’intéressent aussi et j’espère pouvoir y toucher dans ma carrière. Je me vois écrire. Votre premier film marquant ? La gloire de mon père que j’ai vu avec mes parents, suivi du Château de ma
mère. C’est mon premier attachement à des personnages et des lieux cinématographiques. Avez-vous un acteur ou une actrice qui vous a fasciné ? Roberto Benigni, quand je l’ai vu dans
La vie est belle, m’a beaucoup impressionnée. Après, en l’entendant en entrevue, je le trouvais drôle, « clownesque ». Il a été mon premier coup de coeur. Chez nous, je dirais que ç’a été Anne Dorval. Très jeune, je me suis entichée d’elle. Votre premier « kick » à l’écran ? Ç’a été River Phoenix dans
Compte sur moi. Je crois qu’il avait 12 ou 13 ans. J’étais plus jeune lorsque j’ai vu le film. Je le trouvais tellement beau ! Y a-t-il une trame sonore qui a bercé votre adolescence ? Celle de Le destin de Will Hunting! Il y a également celle de Cri ultime (The Virgin Suicides) de Sofia Coppola. Les deux m’ont beaucoup parlé et c’est encore le cas aujourd’hui. Y a-t-il un film ou un univers de film dans lequel vous aimeriez vivre ? Oui ! J’aimerais beaucoup vivre dans un film français des années 1960 à cause de la Nouvelle Vague. Les Godard, les Truffaut, Une femme est une femme, c’est vraiment mon genre. Si tout était possible, avec quel réalisateur, vivant ou mort, aimeriez-vous travailler ? Je pense tout de suite à Pedro Almodovar, car j’aime beaucoup l’univers qu’il crée autour des femmes. Je trouve que ses personnages féminins sont très forts et nuancés. J’aimerais beaucoup être une de ses héroïnes. Le film que vous avez vu le plus grand nombre de fois ? La guerre des tuques que je regarde deux fois par hiver. Je ne me tanne pas ! Le film que vous n’avez jamais pu finir ? J’ai essayé de regarder Magnolia quand j’avais 14 ans. J’essayais de m’éduquer et je pense que c’était un peu trop, que je n’étais peut-être pas prête. Il faudrait que je le revoie.