Le Journal de Montreal - Weekend
Quand Winnie l’ourson prend vie
À 92 ans, Winnie l’ourson ne s’est jamais aussi bien porté puisqu’il reprend du service dans L’histoire de Jean-Christophe. Ce personnage adoré par des générations d’enfants et d’adultes est doublé, aux États-Unis, par Jim Cummings. Et au Québec, c’est Pi
L’histoire de Jean-Christophe dévie considérablement des dessins animés mettant en vedette Winnie l’ourson et ses amis. En effet, le scénario se concentre sur Jean-Christophe (joué, adulte, par Ewan McGregor).
Devenu grand, il a été nommé directeur de l’efficacité dans une compagnie de fabrication de bagages et ne vit que pour son travail, délaissant sa femme (Hayley Atwell) et sa fille (Bronte Carmichael).
Or, la situation économique n’étant guère glorieuse – nous sommes dans l’Angleterre de l’après-guerre –, c’est à lui qu’il revient d’effectuer des coupes dans le budget et de décider qui sera mis dehors. Stressé, il se met à revoir Winnie l’ourson et tous ses amis de la Forêt des rêves bleus.
UNE VOIX ICONIQUE
Jim Cummings double Winnie l’ourson pour la première fois en 1997 et n’a jamais cessé depuis. « Ça nous renvoie directement à notre enfance, sans effet de mode », dit-il en entrevue à l’Agence QMI.
Le long métrage n’est pas aussi primesautier qu’on pourrait s’y attendre. En effet, le sujet traité – le temps consacré à la famille, les sacrifices que les adultes doivent consentir, etc. – est moins léger que les 15 précédents longs métrages des studios Disney autour des personnages de la Forêt des rêves bleus. « Nous avons travaillé en étroite collaboration, explique Jim Cummings de son travail avec le réalisateur Marc Forster. Il voulait traiter le sujet avec respect. C’est un film nostalgique, qui emmène le spectateur dans le monde de Jean-Christophe. »
Comme L’histoire de Jean-Christophe est un mélange de prises de vues réelles et d’animation, Jim Cummings a enregistré une première fois ses dialogues. Après le tournage et l’exécution des animations par ordinateur, il lui a fallu les refaire puisque ses répliques avaient été considérablement modifiées.
« On ne peut pas animer le timing comique. Quand on entend une réplique, on peut y répondre. »
DU CÔTÉ DU QUÉBEC
Pierre Verville est, en plus de sa carrière d’acteur et d’animateur, un habitué du doublage et des histoires tirées de Winnie l’ourson.
« J’ai commencé pour mes enfants, pour que nous puissions aller au cinéma et que je puisse leur dire que c’était ma voix. Je voulais faire plaisir à ma fille et à mon garçon », se remémore-t-il en entrevue. Le seul problème ? Sa fille, Marianne, n’a pas réagi comme il l’avait escompté !
« Je me souviens très bien d’avoir emmené ma fille voir un film Disney et de lui avoir dit que je faisais l’éléphant. Et elle m’a répondu : “Oui. Pis ?” Comme je lui racontais des histoires en changeant ma voix avant qu’elle aille se coucher, elle avait l’habitude. Finalement, je me suis fait prendre au jeu puisque j’ai effectué des doublages à quelques occasions ensuite. » Pierre Verville a doublé quelques-unes des aventures animées de Winnie l’ourson et il a trouvé le temps, malgré un emploi du temps chargé, de se glisser dans la peau de l’ourson philosophe pour L’histoire de Jean-Christophe. « C’est une activité un peu solitaire. Occasionnellement, je trouve ça le fun… mais je ne le fais plus pour mes enfants. », explique celui qui a ainsi passé quelques heures, seul, dans un studio de doublage devant un écran sur lequel défilent les images et les dialogues à dire.
« Les personnages que l’on double ont des caractères. Il faut donc les respecter. Et on est bien secondé par la directrice de plateau. On réécoute aussi des extraits qu’on a faits. C’est très différent de la scène ou devant un public. » Mais il souligne la différence avec
ICI Laflaque dans laquelle il double plusieurs des personnages. « Là, il a fallu que je double quelque chose qui était déjà fait alors que quand je double
Laflaque, ils font le dessin après. »
L’une des difficultés particulières dans le fait de doubler Winnie l’ourson ? « Il n’a pas d’expressions faciales. Il faut que je fasse tout passer par la voix. Mais il ne faut pas trop exagérer non plus puisque le visage ne suit pas. C’est un dosage. »