Le Journal de Montreal - Weekend
LES NOUVELLES COULEURS DE JAIN
« Je suis un peu dans le doute, j’espère qu’il va plaire aux gens. Sinon, tant pis. Au pire, moi, il me plaît. »
On pardonnera à Jain, nouvelle chouchoute de la pop métissée venue de France, d’entretenir son incertitude avant la parution de Souldier, son second album. Après tout, le succès, aussi fulgurant soit-il, est encore tout nouveau pour celle qui a conquis les coeurs des 7 à 77 ans, en 2015, grâce à son album Zanaka, et surtout grâce aux rythmes irrésistibles des succès Come et Makeba. C’est d’ailleurs une jeune femme d’allure plutôt réservée, qui répond avec amabilité et concision aux questions, que Le Journal a rencontrée lors de son passage au Festival d’été de Québec, le mois dernier. Humble et reconnaissante de ce qui lui arrive, Jeanne Galice, 26 ans, s’avère en entrevue tout le contraire de la bête de scène qui a fait bondir une place d’Youville remplie aux bouchons, quelques heures plus tard. « C’est assez incroyable », dit-elle quand on lui demande de poser un regard sur les trois dernières années, marquées notamment par deux prix Victoire, dont celui d’interprète féminine. « Je ne m’attendais pas du tout aux répercussions qu’aurait l’album. Ni d’avoir l’opportunité de voyager autant. »
CHANSON DE LA RUPTURE
Un tel succès aurait pu lui dicter de répéter la même formule au moment de retourner en studio. Or, sur Souldier, Jain évite le surplace. Esthétiquement, elle a troqué la robe noire à col Claudine, qui était sa marque de commerce, pour le survêtement militaire bleu. Musicalement, si le fond demeure pop, les influences changent de fuseaux horaires. De la rumba congolaise de
Zanaka, on passe au hip-hop et aux musiques orientales.
En outre, une maturité plus présente, et pleinement revendiquée par la jeune vedette, se manifeste dès le premier extrait, Alright, et son vidéoclip qui célèbre le female empowerment en montrant des filles casse-cou qui font des cascades en voiture et en moto ou défient la gravité.
« Le clip, c’est mon idée, précise Jain. Je voulais voir des femmes puissantes qui se détournent de leur destin. Est-ce que la prise de parole des femmes et le mouvement #metoo m’ont influencée ? Certainement, d’une manière ou d’une autre, mais je ne l’ai pas fait pour être à la mode. Cette chanson a été écrite parce qu’une proche à moi a vécu une dure rupture. Du coup, j’avais envie d’avoir un message d’encouragement pour tous ceux qui ont rompu. C’est une chanson de consolation et un appel à l’indépendance. »
LE HIP-HOP RENCONTRE INSPECTEUR GADGET
Plus loin sur l’album, on remarque l’utilisation du thème de l’émission jeunesse Inspecteur Gadget dans
Inspecta. Non, dit Jain, ce n’est pas un hommage au personnage animé aux membres élastiques.
« En fait, je voulais faire une chanson hip-hop et je me suis dit que ce serait rigolo de faire comme les vieilles chansons hip-hop, soit de prendre un échantillon que tout le monde connaît et le rediriger vers un autre style. Celui-là m’est apparu évident. »
La chanson Flash évoque de son côté un penchant pour la musique cinématographique. « J’avais envie de faire quelque chose de classique du cinéma, mais remanié à la sauce africaine », explique la chanteuse, qui reviendra très bientôt chez nous pour présenter ses nouvelles chansons.