Le Journal de Montreal - Weekend
LA HAUTE-GATINEAU D’AUTREFOIS
Après s’être classée parmi les livres les mieux vendus, avec le premier tome de sa première série historique, Les paroissiens de Champsde-Grâce, la romancière Carole Auger-Richard connaît autant de succès avec le deuxième tome de cette série se déroulant en HauteGatineau et en Nouvelle-Angleterre, Le temps de la rédemption.
La romancière québécoise installée dans le Maine depuis plusieurs années s’est inspirée en partie des histoires qui lui ont été contées dans sa famille pour écrire sa série.
Ses personnages ont des destins typiques du début du 20e siècle : si certains sont bien ancrés dans leur communauté rurale, d’autres sont contraints à l’exil.
Et à l’époque, c’était les villes industrielles de la Nouvelle-Angleterre, comme Lowell ou Manchester, qui les accueillaient pour travailler dans les filatures.
Le deuxième tome de la série s’intéresse particulièrement au sort des femmes à l’époque et à l’emprise du clergé, avec Madeleine, contrainte de travailler aux États-Unis, Constance, bouleversée par l’arrivée de vandales dans sa maison, et le savoureux curé Gauthier.
HISTOIRES FAMILIALES
Jointe dans sa résidence de York, dans le Maine, Carole Auger-Richard parle avec enthousiasme de la série, d’abord écrite en anglais, et inspirée de récits familiaux. « Ce sont de petites histoires que j’ai glanées ici et là pendant mon enfance et mon adolescence – même encore aujourd’hui, j’en entends. Elles m’ont toujours intriguée, fascinée. » Depuis longtemps, elle voulait écrire l’histoire de sa grand-mère, mais avait beaucoup de frustrations face aux mentalités de l’époque. « J’avais envie de dénoncer cette époque injuste pour les femmes. J’ai commencé à écrire, je me suis servie de ces histoires-là et je les ai poussées plus loin dans mon roman. Ce n’est l’histoire de personne en particulier : je me suis basée sur le mode de vie de mes grands-parents, j’ai consulté des oncles, ma mère, des tantes, des experts en camps de bûcherons... », ajoute-t-elle.
Sa grand-mère est dans « plusieurs personnages » et non dans un personnage en particulier.
« Elle est dans Claire, elle est un peu dans Constance. Et dans Claire, il y a aussi mon arrière-grand-mère. Je les ai un peu façonnées selon ce qui servait à l’histoire. »
LE LOT DES FEMMES
Madeleine – un personnage complètement inventé – porte sur ses épaules le fardeau de bien des femmes victimes de leur époque.
« Je me suis senti beaucoup d’affinités avec elle – pas nécessairement parce qu’on a eu le même parcours de vie, pas du tout, mais parce qu’elle était mon porte-parole pour dénoncer. Madeleine est plus colorée parce qu’elle est moins soumise. »
LE CURÉ
L’auteure a calqué le rigide curé Gauthier sur un curé qui a réellement existé, puis lui a donné sa propre teinte.
« J’ai pris quelques anecdotes qu’on m’avait racontées sur lui. J’avais une rancune envers cet homme et c’est en me plongeant dans le contexte de l’époque que j’ai pu réajuster mon tir. Je lui ai donné une plateforme pour qu’il puisse exposer son côté de la médaille. J’ai appris avec lui que, même avec les personnages les plus coriaces, il y a toujours des nuances. »
Carole Auger-Richard a grandi dans le village francophone de Gracefield en Ontario. Elle a été responsable de rédaction pour plusieurs hebdos québécois avant de s’installer dans le Maine, où elle habite toujours. Le troisième tome sera publié en 2019.