Le Journal de Montreal - Weekend
Histoire d’amour improbable
Qualifiée de fiction documentaire, la pièce L’Art de la chute, présentée l’an dernier à Québec, vient de prendre l’affiche à Montréal. Elle transporte ses spectateurs à l’aube de la crise financière de 2008, où aura lieu une rencontre improbable entre un
Le metteur en scène, Jean-Philippe Joubert, qui est à l’origine du projet, avait d’abord l’intention de monter une pièce sur l’économie. Puis, du capitalisme, il s’est dirigé avec son collectif d’auteurs vers la spéculation et sur l’art.
Ce mélange de fiction et de faits réels raconte diverses anecdotes, dont la faillite de la banque Lehman Brothers laquelle, le 15 septembre 2008, date historique, a déclaré faillite. « Le même jour, à Londres, se tient l’encan de l’artiste contemporain britannique Damien Hirst, lance Jean-Philippe Joubert. Ces oeuvres sont vendues directement aux enchères. » L’artiste parviendra à vendre lui-même une série d’oeuvres originales pour 212 millions de dollars.
« Au fil de nos recherches, on a découvert une jeune femme qui, ce jour-là, venait de perdre son emploi chez Lehman Brothers et qui, par hasard, avait des billets pour assister à l’encan de Damien Hirst à Londres le soir même », précise le metteur en scène, qui est également directeur artistique de sa maison de production.
Voilà donc le point de départ de personnages authentiques. S’ajoutera une part de fiction, qui prend sa source dans une certaine réalité.
UNE ARTISTE QUÉBÉCOISE
On y découvrira une artiste québécoise, Alice Leblanc (Marianne Marceau), 34 ans, dédiée aux arts visuels, dont la majorité des oeuvres sont en cuivre. « Elle vit une véritable crise existentielle à la suite d’une panne créatrice, annonce Jean-Philippe Joubert. La valeur du cuivre a monté en raison de la spéculation. » Ayant obtenu une résidence, elle ira vivre sa remise en question au studio du Québec à Londres. Durant son séjour, elle va rencontrer une amie, Laurence, qui travaillait à la banque Lehman Brothers et l’accompagnera le soir de l’encan de Damien Hirst, artiste très en vogue.
Sur place, Alice rencontrera le financier new-yorkais Gregory Monroe (Simon Lepage), qui est un collectionneur d’art contemporain. Ainsi ce soir-là seront réunis une artiste du cuivre, son amie Laurence, récemment mise à pied de chez Lehman Brothers, et un trader de Wall Street. Certaines conversations risquent de faire des flammèches. « Les spéculateurs sont aussi très intuitifs », rappelle le metteur en scène, qui a poussé sa recherche en interrogeant des galeristes et des évaluateurs d’art.
UNE HISTOIRE D’AMOUR
Les deux principaux personnages représentent deux mondes, la finance et le milieu artistique. Entre les deux, une liaison naîtra. Reste à savoir si cette idylle résistera au discours et au cynisme ambiant.
« C’est une relation avec plusieurs rebondissements », conclut Jean-Philippe Joubert.
Lors de sa création au Théâtre Périscope en 2017, la pièce a obtenu deux prix de la critique de l’AQCT.