Le Journal de Montreal - Weekend
« J’AIMERAIS JOUER AVEC SPRINGSTEEN »
On dit de lui qu’il a démocratisé la musique classique. Sans conteste, ce fut un succès. Le violoniste et homme d’affaires néerlandais Andre Rieu s’amène chez nous, fort d’un succès populaire indéniable qui le place presque chaque année au sommet des arti
M. Rieu, vous avez des racines francophones. Pouvez-vous nous en apprendre davantage à ce sujet ?
« Effectivement, mes ancêtres venaient de France, de la région de l’Auvergne. Il y a un petit ruisseau baptisé Rioux, dont mon nom Rieu est un dérivé. Selon la généalogie, le plus vieux membre connu de ma famille s’appelait Pierre et il était un compositeur. Encore mieux : le mot néerlandais pour ruisseau est “beek”, dont la traduction allemande est “Bach”, alors mon nom de famille allemand est le même que le célèbre compositeur baroque. »
D’où vous vient cet intérêt pour la valse et comment avez-vous découvert qu’il y avait avec ce style musical un public à conquérir ?
« Très jeune. Mon père dirigeait un orchestre symphonique : après le programme régulier, il jouait toujours une valse au rappel. J’ai alors remarqué quelque chose d’étrange. Les spectateurs, qui n’avaient pas bougé un muscle de tout le concert, se sont soudainement mis à bouger leurs corps un peu à droite et un peu à gauche. J’étais fasciné. Des années plus tard, j’ai découvert la magie et la puissance du rythme ¾ de la valse, qui a aussi des pouvoirs de guérison. »
Avez-vous parfois le sentiment de ne pas être né dans le bon siècle ?
« Non, au contraire. Étant donné que je rêvais de parcourir le monde avec mon orchestre, c’est fantastique d’avoir des avions et autres véhicules qui peuvent nous transporter rapidement. C’est pourquoi j’ai toujours adoré l’oeuvre du visionnaire Jules Verne. »
Et d’où vous vient votre admiration pour Johann Strauss ?
« Comme pour la valse, je l’ai découvert lors des concerts de mon père. J’ai fondé et baptisé mon Johann Strauss Orchestra parce que j’avais un certain son en tête et je voulais jouer des valses. J’ai toujours voulu dédier ma vie à Strauss. Il avait cinq orchestres, pouvez-vous vous imaginer ? Dans sa musique, on retrouvait toutes les émotions – amour, tristesse, mélancolie, joie – parfois toutes regroupées dans la même pièce. »
J’aimerais en savoir plus à propos de votre relation avec votre violon (un Stradivarius 1732) ?
« J’ai un employé spécial qui est responsable de mon violon quand je n’en joue pas. Mon Stradivarius est l’un des derniers instruments fabriqués par le maître italien. On ne connaît pas l’explication, mais tous les Stradivarius produisent un son qui va directement au coeur. »
Vous vivez dans un château à Maastricht qui aurait, semble-t-il, appartenu à d’Artagnan, le célèbre mousquetaire français. Avez-vous des documents qui le prouvent ?
« Il paraît, en effet, que d’Artagnan aurait pris son dernier déjeuner avant de mourir devant les murs de la ville de Maastricht. Ses restes ont été découverts il y a quelques années. Aucun document ne prouve la présence de d’Artagnan dans le château, mais j’adore l’histoire. »
Après tout ce que vous avez réalisé, avez-vous un rêve ultime, un fantasme de musicien ?
« Je veux être le premier artiste à jouer sur la Lune. Les scientifiques tentent d’envoyer des gens sur Mars, alors ce ne doit pas être si difficile la Lune, non ? Et si jamais la Lune s’avère trop éloignée, j’aimerais jouer avec Bruce Springsteen. Je réaliserais un rêve. »
Andre Rieu en concert au Centre Bell de Montréal, le 25 septembre, et au Centre Vidéotron de Québec, le lendemain.