Le Journal de Montreal - Weekend
LE PÈRE DE DEATH STAR
Qu’ont en commun l’architecte Frank Lloyd Wright, 2001 : L’Odyssée de l’espace et le tout premier Star Wars ? Un homme : Colin Cantwell. Avant sa conférence du 16 septembre, donnée dans le cadre du Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ), l’artist
« Passion ». Le mot revient souvent au cours de l’entrevue accordée par Colin Cantwell cinq jours avant son passage au FCVQ. L’artiste de 86 ans, qui découvre la Belle Province pour la première fois, se souvient avec émotion de sa collaboration avec Stanley Kubrick le temps de 2001 :
L’Odyssée de l’espace. Car c’est lui qui, non seulement, a géré et créé la majorité des scènes se déroulant dans l’espace, mais a proposé au cinéaste d’ajouter Also sprach
Zarathustra de Richard Strauss en ouverture. « C’était merveilleux. C’était l’harmonie », confie-t-il.
Comme bon nombre de ses confrères auteurs de romans de science-fiction, il avoue être « probablement un optimiste, même si ce n’est pas mon inclination naturelle. Plutôt la passion qui vient de la communication, de la cadence de l’histoire… »
Après son travail sur le chefd’oeuvre de Kubrick, Colin Cantwell retourne dans le Colorado. Dans son atelier, il oeuvre sur des modèles réduits de vaisseaux spatiaux, en profite pour mettre au point le concept de « Kitbashing » (le fait de prendre des pièces de modèles existants pour en créer d’imaginaires au lieu de fabriquer les pièces) lorsqu’il reçoit la visite de George Lucas.
BONHEUR RENOUVELÉ
Son mandat est clair : il lui faut inventer les vaisseaux spatiaux du tout premier Star Wars. Son imaginaire lui permet de créer les X-Wing, Star Destroyers, TIE Fighters, le redoutable Death Star et le reconnaissable Imperial Cruiser. « Ces deux projets, 2001 et Star
Wars sont les deux ancres de mon association avec ce milieu. Et ils ont tous deux exigé tellement de moi que je crois bien que je ne peux pas me défaire de la passion que je ressens pour eux.
« Je leur ai donné les couleurs de mon bonheur. Ils sont devenus des réalités tellement fortes, ont été les éléments tellement dominants de mes réalisations professionnelles, et ont refait surface à une fréquence telle que je suis désormais voué à revivre la joie éprouvée et à la partager. »
PARENTÉ DE STYLE
Quand on sait qu’il n’est pas devenu l’élève de l’architecte américain Frank Lloyd Wright en raison de la mort de ce dernier, on note une indéniable parenté de style avec les modèles de Colin Cantwell. Harmonie avec l’environnement, épure des lignes, fonctionnalité maximale. Et il voit là une boucle bouclée.
« Mon processus créatif est l’élément le plus passionnel. À chaque fois, j’ai commencé par une espèce de grand saut. Ensuite, après ce “brouillon”, cette première partie, j’ai du élargir ma réflexion à tous les autres éléments de ce monde et donc à tout ce qui, dans les studios, allait permettre de créer ce à quoi je pensais, qu’il s’agisse de la technologie au service des besoins du long métrage ou de la fidélité à l’histoire. […] Frank Lloyd Wright est celui qui a le plus influencé mes créations cinématographiques. »
Penseur et philosophe, Colin Cantwell a un message pour les jeunes générations.
« C’est à la fois très profond et très simple. La même passion qui m’a animée depuis Frank Lloyd Wright est celle d’un engagement à mon esprit créatif. Mais pas que le mien ; il y a également l’engagement envers tous les esprits créatifs qui ont collaboré aux projets auxquels j’ai travaillé. Et leur participation, en dehors de l’espace et du temps, a influencé mon art et ma passion pour ce que le visuel peut communiquer. »
Colin Cantwell donnera une conférence à l’auditorium Sandra et Alain Bouchard du MNBAQ samedi à 13 h dans le cadre du FCVQ. Renseignements disponibles sur www.fcvq.ca.