Le Journal de Montreal - Weekend
IL ÉTAIT UNE FOIS L’AMÉRIQUE…
Nous sommes à Detroit, en 1984. La cocaïne coule à flots dans cette ville industrielle ravagée par la crise.
Rick Wershe (Matthew McConaughey, toujours impeccable) élève ses deux enfants seuls après le départ de sa femme. Dawn (Bel Powley) est toxicomane tandis que Rick (Richie Merritt, prometteur dans ce premier rôle) donne un coup de main à son père pour écouler les AK-47 modifiés qu’il revend.
Le rêve familial dans les années Reagan de lutte contre la drogue est d’ouvrir une chaîne de clubs vidéo, mais on sait, dès le départ, que les Wershe n’y parviendront pas.
Car, bientôt, Rick fils fait un marché de dupe. En échange d’informations, le FBI, dont les agents sont personnifiés par Jennifer Jason Leigh et Rory Cochrane, n’inquiétera pas le père de l’adolescent de 16 ans. Les renseignements en question concernent le gang de rue mené par Johnny Curry (Jonathan Majors) et Rick se retrouve rapidement au milieu des échauffourées.
TERME BRUTAL
Cette histoire vraie de 116 minutes est suffisamment dramatique pour tenir le spectateur devant le grand écran. Rick, attiré par l’argent facile et la gloire de la rue, montera son équipe, deviendra gros vendeur de drogue et entraînera son père et ses grands-parents (Bruce Dern et Piper Laurie, tous deux sous-utilisés) dans ce qui deviendra une entreprise familiale. Malheureusement pour le jeune, le FBI mettra un terme brutal à ses activités, un tribunal le condamnera, alors qu’il n’a que 17 ans, à la prison à vie, peine qu’il purge encore aujourd’hui malgré l’octroi d’une libération conditionnelle en 2017.
Réalisé par Yann Demange, favori de la course pour le prochain James Bond et qui nous a donné ’71 en 2014, White Boy Rick ne trouve par contre jamais son rythme.
Oscillant sans cesse entre le film de gangsters, le drame glauque (on sent ici l’influence du producteur Darren Aronofsky sans, toutefois, les éléments oniriques), l’histoire poignante parce que véridique et le pamphlet social, le scénario d’Andy Weiss, Logan Miller et Noah Miller ne parvient pas à convaincre pleinement.
Sans atteindre la flamboyance incroyable de chroniques telles que Cartel (2001) ou Fabriqué en Amérique (2017), ou encore la critique virulente de la lutte antidrogue de Sauvages (2012), on aurait aimé trouver dans ce White Boy Rick un point de vue original, une psychologie fouillée des personnages et la mise en lumière d’une immense injustice à la
Hurricane (1999).