Le Journal de Montreal - Weekend
UN DÉLIRE PSYCHÉDÉLIQUE ULTRA-VIOLENT
Panos Cosmatos a tout fait pour en mettre plein la vue avec Mandy. Peut-être trop, même. En multipliant les effets visuels à outrance, le cinéaste canadien perd de vue son objectif principal : susciter la peur chez les fans du genre qui ont besoin de bien
Le quotidien idyllique de Red et Mandy prend une tournure pour le moins cauchemardesque lorsque le couple tombe dans la mire du gourou d’une secte violente. Le kidnapping et le meurtre du personnage-titre rendra son conjoint anéanti, oui, mais surtout habité par une soif de vengeance qu’il ne reculera devant rien pour assouvir.
On se rend bien vite compte que Panos Cosmatos ne fait pas dans la dentelle. Loin de là. Le cinéaste livre ses scènes de violence sans la moindre pudeur, avec une insistance parfois maladive qui plaira aux amateurs de sensations (très) fortes. Oui, il y a du sang. Beaucoup. Des litres et des litres d’hémoglobine sont versés et éclaboussés à l’écran, mettant parfois à l’épreuve l’estomac des cinéphiles moins aguerris.
Mais au-delà de cette trame narrative, Panos Cosmatos utilise son Mandy pour se livrer à des exercices de style aussi nombreux que variés. Alors que certains applaudiront son jusqu’au-boutisme, certes louable, d’autres, tel l’auteur de ces lignes, auraient préféré ne serait-ce qu’une once de retenue de la part du cinéaste canadien.
TOUT SAUF HOMOGÈNE
Car la surenchère des effets visuels, allant des codes chromatiques abusifs à l’intégration de séquences animées, rend le résultat final, ici Mandy, tout sauf homogène. Et, en fin de compte, c’est l’expérience du cinéphile qui en souffre puisqu’il décroche trop souvent du noeud de l’intrigue, aussi simple soit-elle.
En revanche, le film nous présente un Nicolas Cage dans une forme phénoménale. Torturé à souhait et parfois délicieusement cabotin, l’acteur oscarisé prend pleinement son pied à l’écran dans un rôle qui n’est pas sans rappeler le travail de Bruce Campbell dans le film-culte Evil Dead.
Bref, Mandy n’est pas un film qui se regarde, mais plutôt un film qui se vit, une expérience dont on ne ressort pas indemne, et surtout pas indifférent. On peut adorer ou détester, mais on s’en retrouve secoué, essoufflé et éprouvé. Pour le meilleur ou pour le pire. C’est selon.