Le Journal de Montreal - Weekend

UN DÉLIRE PSYCHÉDÉLI­QUE ULTRA-VIOLENT

Panos Cosmatos a tout fait pour en mettre plein la vue avec Mandy. Peut-être trop, même. En multiplian­t les effets visuels à outrance, le cinéaste canadien perd de vue son objectif principal : susciter la peur chez les fans du genre qui ont besoin de bien

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com

Le quotidien idyllique de Red et Mandy prend une tournure pour le moins cauchemard­esque lorsque le couple tombe dans la mire du gourou d’une secte violente. Le kidnapping et le meurtre du personnage-titre rendra son conjoint anéanti, oui, mais surtout habité par une soif de vengeance qu’il ne reculera devant rien pour assouvir.

On se rend bien vite compte que Panos Cosmatos ne fait pas dans la dentelle. Loin de là. Le cinéaste livre ses scènes de violence sans la moindre pudeur, avec une insistance parfois maladive qui plaira aux amateurs de sensations (très) fortes. Oui, il y a du sang. Beaucoup. Des litres et des litres d’hémoglobin­e sont versés et éclaboussé­s à l’écran, mettant parfois à l’épreuve l’estomac des cinéphiles moins aguerris.

Mais au-delà de cette trame narrative, Panos Cosmatos utilise son Mandy pour se livrer à des exercices de style aussi nombreux que variés. Alors que certains applaudiro­nt son jusqu’au-boutisme, certes louable, d’autres, tel l’auteur de ces lignes, auraient préféré ne serait-ce qu’une once de retenue de la part du cinéaste canadien.

TOUT SAUF HOMOGÈNE

Car la surenchère des effets visuels, allant des codes chromatiqu­es abusifs à l’intégratio­n de séquences animées, rend le résultat final, ici Mandy, tout sauf homogène. Et, en fin de compte, c’est l’expérience du cinéphile qui en souffre puisqu’il décroche trop souvent du noeud de l’intrigue, aussi simple soit-elle.

En revanche, le film nous présente un Nicolas Cage dans une forme phénoménal­e. Torturé à souhait et parfois délicieuse­ment cabotin, l’acteur oscarisé prend pleinement son pied à l’écran dans un rôle qui n’est pas sans rappeler le travail de Bruce Campbell dans le film-culte Evil Dead.

Bref, Mandy n’est pas un film qui se regarde, mais plutôt un film qui se vit, une expérience dont on ne ressort pas indemne, et surtout pas indifféren­t. On peut adorer ou détester, mais on s’en retrouve secoué, essoufflé et éprouvé. Pour le meilleur ou pour le pire. C’est selon.

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Nicolas Cage prend pleinement son pied à l’écran.
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