Le Journal de Montreal - Weekend
UN ROMAN QUI VAUT SON PESANT D’OR
Salman Rushdie, le célèbre auteur des Versets sataniques, verse cette fois dans l’art subtil de nous faire voir autrement l’Amérique.
Le jour de l’investiture du 44e président des États-Unis, les habitants du Macdougal-Sullivan Gardens Historic District – plus communément appelé les Jardins – auront la surprise d’assister également en direct à un tout autre genre d’événement : l’arrivée en limousine des nouveaux occupants de la résidence la plus majestueuse de leur petit quartier cossu situé en plein coeur de Greenwich Village.
Un événement qui ne tardera pas à éveiller la curiosité de tous ces honnêtes citoyens, aucun d’eux n’ayant jamais entendu parler du richissime septuagénaire Néron Julius Golden ou de ses trois « Golden boys » adultes, dont les prénoms (Petronius, Lucius Apuleius et Dionysos) sont indéniablement aussi pompeux – et fictifs ! – que ceux du père.
Issue d’un pays n’ayant pas été épargné par les attaques des terroristes musulmans, cette famille atypique fascinera ainsi rapidement René Unterlinden, un jeune scénariste qui, en plus d’avoir récemment perdu ses parents, n’a pas encore réussi à percer, ses textes étant systématiquement beaucoup « trop calmes » (comprendre ennuyeux et sans intérêt) pour attirer l’attention des réalisateurs. Mais l’irruption des Golden dans son voisinage immédiat pouvant l’aider à changer la donne, René ne reculera devant rien pour s’immiscer coûte que coûte dans leur quotidien et s’inspirer de leurs truculentes aventures… afin d’en tirer un vrai bon scénario.
CONTEUR HORS PAIR
À ce stade, on se doit de souligner que l’écrivain britannique d’origine indienne Salman Rushdie a toujours été un conteur hors pair, son incroyable érudition et son imagination débordante débouchant à tous coups sur de bons romans. Et celui-ci, qu’on a dévoré d’un trait, nous offre en prime une relecture assez divertissante de l’Amérique d’aujourd’hui.