Le Journal de Montreal - Weekend
FAIRE SA PLACE
Victoire-Divine, au obtenu prestigieux une bourse pensionnat 14 ans, pour est pouvoir NotreDame-des-Sept-Douleurs. étudiante Elle a y étudier, des autres contrairement élèves aux familles à la majorité bien nanties. Mais elle s’en fiche… jusqu’au jour où elle devient l’intouchable de l’année, le souffre-douleur de tous. Victoire-Divine se promet une chose : elle ne se laissera jamais abattre ! Auteure de l’excellente trilogie Les
Maudits (qui a vu le jour en 2012), Edith Kabuya s’éloigne complètement du style fantastique et mystérieux qu’on lui connaît, pour cette nouvelle saga… et ça fonctionne. Le premier tome de
Victoire-Divine est succulent du début jusqu’à la toute fin : du divertissement pur et simple, un bon moment de lecture comme on les aime !
C’est donc dans une intrigue plus réaliste qu’on plonge ce coup-ci, une histoire sur l’intimidation bouleversante, voire choquante et percutante, mais qui réussit à nous faire rire et sourire à de nombreuses reprises. Impossible de ne pas avoir le coeur serré en lisant les récits très détaillés de l’intimidation dont est victime la jeune Victoire-Divine. On ressent vraiment comment l’univers d’un adolescent peut être chamboulé du jour au lendemain quand tous ses camarades de classe se tournent contre lui. Certains passages sont éprouvants à lire – surtout pour les personnes ayant elles-mêmes été intimidées –, mais ils sont nécessaires. On doit pouvoir arriver à se mettre dans la tête d’une personne qui subit le mépris et les moqueries des autres pour comprendre, ne serait-ce qu’un peu, les émotions en montagnes russes qui peuvent l’habiter. Et ça, Edith Kabuya réussit à la perfection à nous le faire ressentir.
Québécoise d’origine congolaise, l’auteure dit souhaiter vouloir refléter dans ses écrits la conciliation de ses deux identités culturelles. Son personnage principal en est un parfait exemple. Victoire-Divine Kembonayawhé a peut-être une culture différente des autres étudiants de son école, il n’en demeure pas moins que ses valeurs, ses habitudes et ses manies sont très québécoises. Une héroïne qui reflète parfaitement, d’ailleurs, la quête identitaire que vivent plusieurs jeunes. Victoire-Divine s’illustre honnêtement comme un des personnages les plus forts de la littérature jeunesse de cette année.
Une très belle découverte, cette nouvelle série, dont le tome 2, État voyou, est déjà prévu (probablement pour l’an prochain). Un roman que les jeunes – et moins jeunes – se doivent de lire pour vraiment comprendre l’intimidation.