Le Journal de Montreal - Weekend
UN PUR RÉGAL
Avec Arcadie, l’écrivaine française Emmanuelle Bayamack-Tam nous offre sur un plateau un roman aussi drôle que savoureux.
Ça y est, on vient d’avoir l’un de nos premiers vrais gros coups de coeur de la rentrée d’automne. Et on n’a apparemment pas été les seuls, puisque ce 12e roman signé Emmanuelle Bayamack-Tam est en lice pour les prix Femina, Flore, Médicis et Wepler.
Farah, la narratrice, a 14 ans lorsqu’elle entreprend de raconter son quotidien totalement hors-norme. Sa mère – alias Bichette –, souffrant d’une hypersensibilité à toute forme de pollution électromagnétique (cellulaires, antennes-relais ou ordis provoquent entre autres chez elle migraines, fatigue chronique et pertes de mémoire), son père – alias Marqui – a décidé d’installer sa petite tribu à Liberty House, une zone blanche entourée de pinèdes qui, bon an mal an, permet à sa trentaine de pensionnaires d’échapper aux innombrables diktats du monde moderne.
EN QUÊTE D’IDENTITÉ
Dirigée par Arcady, un charismatique quinquagénaire prônant l’amour libre, cette communauté de marginaux souvent complètement fantasques deviendra ainsi la seconde famille de Farah. Mais follement amoureuse du maître de céans, qu’elle considère comme son père spirituel, l’adolescente commencera inévitablement à nourrir certaines inquiétudes envers son disgracieux physique. Parce qu’en plus d’avoir hérité d’un visage franchement ingrat, ses principaux attributs féminins s’effaceront peu à peu pour faire place à un corps massif, voire étonnamment viril.
En soi, l’histoire est particulièrement jubilatoire, l’auteure ne manquant pas d’imagination et d’humour. Mais c’est surtout son style qui nous a enchantés, chaque page nous donnant l’occasion d’en apprécier toute la maturité. Et avis aux intéressés, Emmanuelle Bayamack-Tam sera cette année présente au Salon du livre de Montréal.