Le Journal de Montreal - Weekend

MARIE-JOSÉE LONGCHAMPS

- AGNÈS GAUDET agnes.gaudet @quebecorme­dia.com

Elle a joué dans plusieurs téléromans et a été élue Miss Télévision en 1970. Mais pour la plupart d’entre nous, Marie-Josée Longchamps est restée la petite Janine Jarry, personnage du téléroman Rue des Pignons. Chaque semaine, au cours des années 1960 et 1970, toute une génération d’amateurs de téléromans a passionném­ent suivi les intrigues de cette jeune femme fragile évoluant au sein d’une famille d’un quartier ouvrier montréalai­s, amoureuse du beau Maurice Milot (Réjean Lefrançois). Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière, au zénith de la popularité ?

C’était une période très heureuse, une belle époque. C’est agréable d’être aimé du public. J’étais jeune et je vivais ma vie. Mais j’étais trop dans l’action pour avoir de la perspectiv­e. Je ne me rendais pas compte que j’étais au sommet. Quand la gloire vous tombe dessus, on ne s’y attend pas. La gloire, ce n’est pas le but de ce métier, le but c’est de travail- ler et de s’accomplir. Alors, j’ai travaillé avec coeur et passion.

Dans quelles circonstan­ces avezvous quitté le populaire rôle de Janine Jarry dans Rue des Pignons ?

Après sept ans, Mia Riddez [la coauteure] n’a pas fait revenir le personnage. Elle ne voyait plus d’intrigues pour ce personnage, même s’il n’était pas mort. J’ai eu beaucoup de chagrin. À l’époque, on ne pouvait pas, comme aujourd’hui, jouer plusieurs personnage­s dans différente­s séries. Ça ne se faisait pas. Alors un acteur qui n’avait plus beaucoup de travail faisait autre chose. Moi, j’étais soutien de famille, alors il a fallu que je me débrouille. Mais je n’ai jamais dit : « J’abandonne le métier » et je suis toujours extrêmemen­t active.

Quelle a été la suite des choses ?

Ensuite, j’ai épousé Jean-Marc Brunet [fondateur du Naturiste], un ami d’enfance qui avait des idées très avant-gardistes. J’ai partagé avec lui ma passion et mon intérêt pour le bien-être et la santé et spontanéme­nt, j’ai commencé à donner des conférence­s sur le sujet.

Qu’auriez-vous souhaité pour votre carrière ?

J’aurais souhaité jouer davantage au théâtre. J’ai été formée au théâtre. J’adore le théâtre. Aussi, j’ai très peu joué au cinéma. À l’époque, j’ai refusé des rôles au cinéma parce qu’il fallait se déshabille­r, même si ce n’était pas justifié. Et puis j’ai entendu des commentair­es et des critiques à mon égard qui m’ont déçue. J’ai rencontré des gens méprisants. J’ai réalisé, après beaucoup de temps, qu’il y avait de la jalousie autour de moi. Moi qui étais un livre ouvert. Heureuseme­nt, le monde évolue. Notre bonheur ne réjouit pas toujours ! Aujourd’hui, j’ai le bonheur plus discret.

À quoi ressemble votre vie aujourd’hui ?

Je suis grand-mère 7 fois [elle a trois enfants adultes Karina, Alexandre et Josée-France]. Mes petits-enfants ont 18, 17, 16, 15, 14, 12 et 8 ans. Ils recherchen­t ma compagnie et moi la leur. Je suis une grand-maman très aimante et aimée. On est une famille tricotée serrée.

Je suis grand-mère, mais je ne suis pas obligé d’avoir l’air d’une grand-mère ! Parfois, les gens me disent que je suis bien « conservée ». Mais mon âge, on le voit dans mes mains, dans mes bras. Je vais ratatiner comme tout le monde ! Je me vois avec beaucoup d’objectivit­é. Mais je m’entraîne, je m’arrange et, dans le doute, je fais 20 minutes d’exercice.

Quels sont vos projets ?

Après mon spectacle Dans l’univers de Raymond Lévesque que j’ai joué plus de 60 fois, j’écris en ce moment un spectacle textes et chansons que je vais bientôt présenter à des producteur­s. Pour le moment, il s’intitule À notre âge !!! On y trouvera des moments drôles et de l’impro. Il paraît que je suis drôle ! Je serai accompagné­e d’un musicien et parfois d’un invité. Cette expression, « À notre âge » [elle a 71 ans], est très utilisée, entre autres par les personnes âgées qui parlent beaucoup trop de maladies et de retraite, mais aussi par les jeunes et les ados pour des raisons différente­s.

Comment entrevoyez-vous l’avenir ?

Il y a un mot principal dans ma vie, le mot « désir ». Il faut être désiré. Dans ma vie personnell­e, je suis désirée mur à mur, mais côté métier ce n’est pas le cas. Je ne me plains pas, mais c’est un grand chagrin profession­nel quand plus personne ne te désire, toi, comme comédienne, quand plus personne ne dit : « C’est elle que je veux pour ce rôle. » C’est difficile à accepter. J’aimerais jouer des tueuses, des criminelle­s, des croqueuses d’hommes. J’aimerais qu’on me confie de beaux rôles de compositio­n comme dans Unité 9.

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Chaque semaine, LeJournal retrouve des artistes qui ont connu la gloire, mais qu’on voit moins depuis quelques années. On ne les a pas oubliés pour autant...
 ??  ?? Telle qu’elle était à l’époque de Rue des Pignons, avec toute la fraîcheur de ses 19 ans.
Telle qu’elle était à l’époque de Rue des Pignons, avec toute la fraîcheur de ses 19 ans.
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