Le Journal de Montreal - Weekend

BLOQUÉ DANS LES SOMMETS DES ANDES

Nous, les vivants

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Dans ce nouveau roman bouleversa­nt d’humanité, au rythme obsédant d’un thriller, le talentueux écrivain français Olivier Bleys raconte comment un pilote d’hélicoptèr­e tente de se tirer d’affaire après qu’une tempête eut immobilisé son appareil dans un lointain refuge de la cordillère des Andes.

Jonas, pilote à Uspallata, une petite communauté située au pied de la cordillère des Andes, près de Mendoza, en Argentine, a pour spécialité le ravitaille­ment des postes de haute montagne.

Régulièrem­ent, il se rend dans ces endroits reculés des Andes, près de la frontière chilienne. Mais un jour, Jonas reste bloqué à cause d’une tempête de neige et doit bivouaquer dans un refuge.

Pour Jonas, la survie sera doublée d’un parcours initiatiqu­e.

Olivier Bleys s’est surpassé dans ce roman qui entraîne les lecteurs dans des paysages de neige et de froid, de pics rocheux et d’abîmes, à la frontière du réel.

Olivier Bleys explique qu’il a été très marqué par un roman de David Vann, un récit de nature sauvage qui était aussi un huis clos dans une cabane.

« J’avais envie d’écrire un roman qui soit réaliste, mais qui ait une dimension mystique. Je voulais également dépeindre la nature, la montagne, que je connais assez bien, où je marche régulièrem­ent. »

UN AUTRE UNIVERS

L’écrivain a fait un remarquabl­e travail d’introspect­ion avec le personnage de Jonas, le pilote naufragé.

« Jonas menait une vie assez équilibrée avec sa femme, sa fille, sa petite maison dans la vallée. J’ai rencontré un certain nombre de pilotes, de militaires, qui ont ces profils d’hommes d’action et qui ne se posent pas beaucoup de questions et mettent toute leur énergie dans le service des autres et la sauvegarde des gens en péril. »

Il poursuit. « J’imaginais ce personnage, qui n’était pas exposé à un quelconque cas de conscience, qui pouvait s’oublier dans le pilotage de son hélicoptèr­e, qui était toujours en mouvement. Et là, il est contraint à l’immobilité, à la réflexion, au retour sur lui-même. Et c’est ce qui constitue une épreuve à laquelle il n’est pas habitué.

Jonas représente un aspect de l’humanité, qui est sa maîtrise des technologi­es et son affirmatio­n sur la nature, la nature qu’elle prétend maîtriser, gouverner, conduire. Effectivem­ent, cette prouesse technologi­que que constitue le pilotage d’un hélicoptèr­e en est le symbole. Lorsque l’hélicoptèr­e ne veut plus décoller, on s’aperçoit que la sauvagerie de la nature, son chaos, sa force ressurgiss­ent. L’homme qui croyait avoir la maîtrise de tout, en définitive, ne commande plus grandchose. »

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 ??  ?? NOUS, LES VIVANTS Olivier Bleys Éditions Albin Michel Environ 200 pages
NOUS, LES VIVANTS Olivier Bleys Éditions Albin Michel Environ 200 pages

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