Le Journal de Montreal - Weekend

LIRE DU THÉÂTRE AUSSI

Rachel Graton, que l’on a vue dans Les Simone, se prépare à monter sur les planches du TNM dans la pièce Bilan du dramaturge québécois Marcel Dubé. La comédienne nous ouvre toutes grandes les portes de son univers littéraire.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale RACHEL GRATON

Vous vous rappelez le tout premier roman que vous avez adoré ?

Ani Croche de Bertrand Gauthier a été un de mes premiers romans préférés. J’adorais la collection de la courte échelle, avec entre autres tous les romans de Chrystine Brouillet et Les yeux

d’émeraude de Denis Côté. Ça a développé mon imaginaire. La courte échelle, c’était à la fois la possibilit­é de vivre des aventures trépidante­s et de s’identifier à des personnage­s de notre âge, dont les enjeux nous touchaient particuliè­rement et de façon bien singulière.

Au cours des dernières années, vous est-il souvent arrivé de découvrir de nouveaux auteurs ou de nouveaux romans grâce à votre travail ?

Quand j’ai commencé à travailler sur la série Les Simone, je n’avais jamais lu Simone de Beauvoir. Je suis allée à la librairie L’Échange sur Mont-Royal (où on trouve toutes sortes de livres d’occasion), et j’ai acheté tout ce qu’il y avait de Simone de Beauvoir (Le deuxième sexe 1 et 2, Une mort très douce, Mémoires d’une

jeune fille rangée, Les belles images, etc.). Je fais presque toujours ça quand je commence un projet. Je vais me chercher tout ce que l’artiste a fait... ou presque. Je commence par les librairies d’occasion, ensuite la bibliothèq­ue et sinon, je commande les livres. Je trouve ça vraiment chouette de parcourir toute l’oeuvre d’un artiste en même temps. On voit par où il est passé, quels ont été ses thèmes principaux, comment les oeuvres s’inscrivent dans son parcours. De cette façon, on comprend mieux l’oeuvre ou l’univers dans lequel on est plongé.

De façon générale, quel genre de lectrice êtes-vous ?

Je ne suis pas constante. Parfois, j’ai des rages et je lis beaucoup. J’en profite pour lire dans les transports en commun. J’ai beaucoup lu quand j’étais enfant et adolescent­e. J’ai toujours des livres « à lire » près de moi. Je trouve que c’est important d’avoir des livres qui nous intéressen­t à portée de main. Et même d’avoir des livres qu’on a aimés, dans notre environnem­ent. Ça nous rappelle les univers qui nous ont forgés. Ceux qui sont « à lire » nous réservent toutes sortes de choses qui feront écho en fonction du moment de notre vie où on décide de les lire.

Est-ce que vous lisez de tout, ou est-ce que vous avez des genres de prédilecti­on ?

J’avoue que depuis quelques années, mes lectures sont orientées par les projets que je fais. J’aime lire du théâtre et des romans (j’aime bien quand ce sont des petits formats, il faut croire qu’un peu malheureus­ement, je me suis adaptée à mon époque et que mon attention me joue des tours !). J’aime aussi beaucoup lire des magazines engagés comme Nouveau Projet. Les sujets sont très variés et j’y apprends toujours quelque chose. Enfin, j’adore les bandes dessinées.

Jusqu’à présent, quels ont été vos plus gros coups de coeur ?

Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Je l’ai lu souvent. Ce livre me fait du bien. La grosse femme d’à côté est enceinte de Michel Tremblay. C’est le roman qui m’a initiée à l’oeuvre de Tremblay. J’étais fascinée par son univers et ses personnage­s. La petite fille qui aimait trop les

allumettes de Gaétan Soucy. C’est le premier roman qui m’a fait passer une nuit blanche. J’étais au secondaire.

La femme qui fuit d’Anaïs BarbeauLav­alette. Un livre immensémen­t touchant et imagé dans son écriture. En plus, on a l’impression de toucher à l’époque dont l’auteure s’inspire.

L’amant de la Chine du Nord de Marguerite Duras.

Récemment, avez-vous fait une découverte dont vous avez envie de parler ?

Les livres de Patrick Froehlich, Avant tout ne pas nuire ou Ce côté et l’autre de l’océan, qui vient de paraître chez Les Allusifs et pour qui j’ai eu la chance de lire des passages lors du lancement.

Et que lisez-vous présenteme­nt ?

Nord Alice de Marc Séguin.

Dernière petite question : est-ce que le fait de jouer dans Bilan de Marcel Dubé vous a donné le goût de redécouvri­r la littératur­e des années 1960-1970 ?

Oui ! Comme d’habitude, je me replonge dans l’oeuvre de l’auteur. Un simple soldat, Zone, Florence, Les beaux dimanches et les autres ne sont pas loin de moi… C’est important de lire du théâtre aussi, de le publier. Ce sont des oeuvres qui, par leur nature, sont éphémères, mais qui sont bien ancrées dans une époque, le reflet très souvent étonnant de la société. On peut en apprendre sur nous, d’hier à aujourd’hui. Rachel Graton sera très bientôt au TNM : du 13 novembre au 8 décembre prochains, elle va en effet incarner Suzie Larose dans la pièce Bilan de Marcel Dubé.

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