Le Journal de Montreal - Weekend
Une famille immédiate
Sean Anders sur les parents et l’adoption
Les difficultés rencontrées par les parents pendant le processus d’adoption de jeunes enfants ont souvent été montrées au cinéma dans des drames sombres, qui ne se terminent pas toujours très bien. Ayant lui-même vécu une expérience d’adoption beaucoup plus agréable il y a quelques années, le réalisateur américain Sean Anders a voulu aborder le sujet de façon drôle et positive dans une nouvelle comédie intitulée Une famille immédiate.
Librement inspirée de l’histoire familiale de Sean Anders, Une famille
immédiate suit donc le parcours d’un couple (joué par Mark Wahlberg et Rose Byrne) qui décide de se tourner vers l’adoption en foyer d’accueil afin de fonder sa propre famille. D’abord attirés par l’idée d’adopter un enfant en bas âge, ils tomberont finalement sous le charme de trois frères et soeurs attachants, mais particulièrement turbulents, dont l’aînée est une adolescente rebelle de 15 ans.
Le réalisateur Sean Anders ne s’en cache pas : on retrouve beaucoup d’anecdotes et de moments tirés de sa propre vie dans son film Une famille immédiate.
« J’ai eu l’idée d’en faire un film il y a environ trois ans », relate Sean Anders lors d’un entretien téléphonique accordé au Journal la semaine dernière.
« À ce moment-là, ça faisait trois ans qu’on avait adopté nos trois enfants, ma femme et moi. C’est mon partenaire d’écriture qui m’a lancé l’idée un jour parce qu’il m’avait entendu raconter plein d’histoires sur ma famille. Il m’a dit qu’il pensait que ça ferait un bon sujet pour un film. J’ai tout de suite aimé l’idée parce que je crois que le système des familles d’accueil méritait qu’on s’y intéresse un peu. Parce que la plupart des gens ne savent pas comment cela fonctionne. »
ENTRE HUMOUR ET DRAME
Si le sujet a souvent été abordé dans des drames, Sean Anders a toujours eu l’intention d’en faire une comédie qui mélange humour et drame :
« Je me suis aperçu que la majeure partie des choses que j’ai vécues pendant le processus d’adoption sont amusantes. Bien sûr, à la base de toute histoire d’adoption, il y a une tragédie parce qu’il y a une famille brisée. Mais il y a aussi de la joie et de l’amour une fois qu’on a traversé les moments difficiles du début de l’adoption. C’est une situation très étrange d’avoir des inconnus dans sa maison et de devoir se comporter comme leurs parents.
« J’ai voulu montrer comment ce processus fonctionne pour briser certains stéréotypes souvent associés à l’adoption et aux familles d’accueil. Je voulais aussi que les gens voient que tu ne fais pas juste ramener des enfants à la maison en espérant qu’ils deviennent des membres de ta famille du jour au lendemain. Ce n’est pas si simple que cela. Il y a des hauts et des bas. Mais je voulais raconter une histoire où on voit une famille se construire lentement. »
HISTOIRE RÉELLE
Les trois enfants que Sean Anders et sa femme ont adoptés il y a quelques années sont des frères et soeurs à l’image de ceux qu’on voit dans Une famille immédiate. Mais la grande différence avec l’histoire du film, c’est qu’aucun d’entre eux n’était adolescent au moment de l’adoption.
« J’ai voulu inclure un personnage d’adolescent parce que je considère que ce sont les enfants les plus incompris dans le monde de l’adoption, explique le réalisateur.
« Les parents d’adoption sont souvent effrayés par les adolescents. C’est difficile pour les parents de les choisir et c’est difficile pour les adolescents de trouver leur place dans une nouvelle famille d’accueil. Mais je pense que quand les gens osent le faire, ils donnent vraiment à ces enfants une chance d’avoir une vie qu’ils n’auraient pas sinon. »
Le film Une famille immédiate (Instant Family) a pris l’affiche hier.