Le Journal de Montreal - Weekend
La danse selon Victor Quijada
RUBBERBAN Dance
En quittant son Los Angeles natal pour New York au milieu des années 1990, Victor Quijada a dû laisser derrière lui son « identité primaire » forgée par les rythmes de Run DMC et Grandmaster Flash. C’est finalement à Montréal, où il demeure présentement, que le danseur a retrouvé sa vraie nature en renouant avec ses racines hip-hop.
« Quand je suis arrivé à Montréal, le hip-hop était dans l’air. J’habitais au coin de Sherbrooke et Saint-Laurent, alors en plein été j’entendais la musique qui sortait des boîtes de nuit. Je me suis tout de suite senti chez moi », se souvient le danseur et chorégraphe en entretien au Journal.
Son arrivée dans la métropole n’avait pourtant rien d’une quête identitaire, ni d’un désir de reconnecter avec ses racines hip-hop ; Victor Quijada est débarqué dans la métropole il y a 18 ans pour grossir les rangs des Grands Ballets canadiens. Mais après un moment, le danseur n’en pouvait plus d’être tiraillé entre ses deux identités distinctes jusqu’alors incapables de cohabiter.
« Je faisais de la danse classique tous les jours, puis le soir, j’allais dans les boîtes de nuit pour danser du hip-hop. Je savais que c’était impossible de continuer comme ça. Il fallait que je trouve un moyen d’incorporer tout ça dans un même projet. J’avais besoin de reconnecter avec mon identité primaire. C’était une question de nécessité », confie-t-il.
C’est ainsi que la compagnie de danse RUBBERBANDance est née, offrant à Victor Quijada un univers où chacune des facettes de son talent pouvait être mise à profit. Depuis sa fondation en 2002, son identité artistique s’est façonnée en incorporant la grâce du ballet à l’énergie brute du hip-hop. Le danseur a désormais délaissé la scène, occupant les fonctions de chorégraphe et directeur artistique de la compagnie.
LA GRÂCE ET L’ÉNERGIE
« J’ai créé la compagnie pour créer avec une liberté totale, sans aucune barrière », avance-t-il. Le résultat, les Montréalais pourront bientôt en avoir une idée bien précise grâce à Vraiment doucement, la toute dernière création de la compagnie d’abord présentée en avant-première à Toronto en octobre dernier. Sur scène, 10 danseurs et deux musiciens s’exécuteront, mêlant les éléments de musique et de danse aux codes théâtraux. « J’ai beaucoup expérimenté dans les 16 dernières années et j’ai mélangé tout ça pour créer une explosion sur scène. Je pars de la base du spectacle – l’humanité – et je l’exprime dans un langage chorégraphique minimaliste et subtil à la fois, mais aussi, par moments, violent, agressif et dérangeant », explique Victor Quijada.
Vraiment doucement de la compagnie RUBBERBAN Dance sera présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts du 5 au 8 décembre.