Le Journal de Montreal - Weekend
VERS L’ÂGE ADULTE
Un film de Nuri Bilge Ceylan Avec Dogu Demirkol, Murat Cemcir, Bennu Yıldırımlar
ISABELLE HONTEBEYRIE Agence QMI
Le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan s’intéresse cette fois-ci à la relation entre un père et son fils.
Choisi par la Turquie pour représenter le pays aux Oscars et sélectionné au Festival de Cannes en mai dernier, Le poirier sauvage est, avec une durée de 3 h 8, une oeuvre dense et exigeante.
Sinan (Aydın Doğu Demirkol) est tout juste diplômé. Son rêve est d’être publié – son ouvrage s’intitule Le
poirier sauvage – lorsqu’il retourne dans son village natal, situé près de Çanakkale. Cette ville portuaire est une destination touristique située non loin de l’ancienne ville de Troie.
Le père de Sinan, Idris (Murat Cemcir), est un professeur criblé de dettes. Joueur compulsif, il a emprunté de l’argent à toutes les personnes possibles du village, ce qui limite Sinan, qui cherche également des deniers pour éditer son essai. Les paysages et les décors filmés par Nuri Bilge Ceylan sont aussi remplis de sous-entendus que les dialogues du long métrage.
CHARME POÉTIQUE
Au fil de la projection, Le poirier
sauvage s’impose comme une oeuvre qui explore non pas tant la relation d’un père et de son fils, malgré l’intrigue évidente, mais plutôt le passage à l’âge adulte et l’acceptation des responsabilités – et des compromis nécessaires – qui viennent avec. Sinan sera-t-il professeur comme son père ? Que lui apporte le diplôme qu’il a en poche ? Son rêve d’être publié suffira-t-il à le combler ? Autant de questions qui font du jeune homme un protagoniste auquel on peut s’identifier. OEuvre indéniablement poétique,
Le poirier sauvage n’est pas facile d’accès, mais son charme finit par opérer et par laisser un souvenir délicieux.