Le Journal de Montreal - Weekend
LE PORTRAIT D’UNE FEMME D’EXCEPTION
Après avoir raconté l’histoire de son ancêtre dans De tendres aspirations, la romancière Sylvie Gobeil s’est penchée sur celle d’une grande philanthrope montréalaise, Marie-Louise Globensky, dans son nouveau roman historique, Lady Lacoste.
Avant d’écrire le livre, l’auteure ne connaissait pas cette femme qui est considérée comme l’une des plus grandes philanthropes de son époque, et qui s’est beaucoup impliquée dans la fondation de l’hôpital Sainte-Justine. Elle était également dame patronnesse de l’hôpital Notre-Dame.
« Je n’avais jamais entendu parler de son nom », commente Sylvie Gobeil, en entrevue.
« Mais j’aime faire du roman historique, sans inventer des personnages. Ma prédilection, c’est le 19e siècle. Je cherchais une femme qui a marqué son époque, mais qu’on ne connaissait pas. »
En feuilletant dans les archives, elle est tombée sur la photo d’une femme d’un certain âge, entourée de sept jeunes femmes. C’était Lady Lacoste.
« Ç’a piqué ma curiosité... et j’ai réalisé que c’était la mère de Marie Gérin-Lajoie et de Justine Lacoste-Beaubien. J’étais emballée ! »
En lisant les biographies de ces femmes – la première est une pionnière de la défense des droits des femmes au Québec et la deuxième fut gestionnaire de l’hôpital Sainte-Justine –, une constante revenait : elles remerciaient leur mère pour son ouverture d’esprit.
Marie-Louise Globensky, née dans une famille bourgeoise de Montréal, s’est mariée à 17 ans avec un avocat de Boucherville, Alexandre Lacoste.
Elle est devenue Lady Lacoste après l’anoblissement de son mari par la reine Victoria. Elle souhaitait que ses sept filles deviennent des femmes émancipées et engagées.
L’ÉPOQUE VICTORIENNE
Sylvie Gobeil a donc choisi de ne pas la laisser dans l’ombre et s’est intéressée à elle, pour voir quel genre de vie elle avait menée.
« Elle était très généreuse, très croyante, très pieuse. Elle représentait la dame victorienne de son époque, à Montréal.
« Elle et son mari ont côtoyé des gens très influents, que ce soit en politique ou en religion. Elle est même allée à Rome pour avoir une audience avec le pape », ajoute-t-elle.
Marie-Louise Globensky, dans sa jeunesse, a aussi passé beaucoup de temps avec Louis-Joseph Papineau, un ami de ses parents.
JOURNAL INTIME
Pendant toute sa vie, Marie-Louise Globensky a tenu un journal intime, dans lequel elle consignait, comme les femmes éduquées de l’époque, les événements marquants de sa vie quotidienne.
Ces journaux sont consignés à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, et l’auteure s’est rendue sur place pour les consulter.
« Les six tomes ne sont pas toujours intéressants. C’est très rigide, très rhétorique. Les moments où elle se laissait aller plus à l’émotion, je les ai mis dans le livre. » √ Sylvie Gobeil a aussi écrit De tendres aspirations. √ Elle habite à Sainte-Catherine, sur la Rive-Sud de Montréal.