Le Journal de Montreal - Weekend
UNE PIÈCE DÉRANGEANTE
Le Théâtre Espace Libre souhaite, pour amorcer l’année, exploiter des thèmes qui dérangeront la plupart des spectateurs avec la pièce Mauvais Goût, portée par une belle brochette de comédiens. La création de Stéphane Crête pourrait troubler par ses propos, voire affecter ceux qui deviendront témoins de ce drame grinçant.
« On assistera à une mort très troublante », lance d’emblée la comédienne Sylvie Moreau, qui reconnaît sans hésiter qu’il s’agit d’une pièce grinçante. « La morale ambiante est plutôt dérangeante. »
L’histoire est celle d’un couple, Dave et Michèle et de leur entourage. Au moment où le rideau tombe, on comprendra qu’un drame vient de survenir. Dave vient de mourir d’une façon plus cruelle que ce que l’on pourrait imaginer. On parle surtout d’un accident scabreux au point de choquer la décence. « Ce sont des circonstances très troubles », précise la comédienne.
Sa conjointe, Michèle, campée par Sylvie Moreau, est très affectée. On apprend d’ailleurs que les spectateurs pourront s’identifier au personnage de Michèle tout au long de la pièce.
Certaines personnes sont ainsi confrontées à la mort sans savoir l’apprivoiser. L’entourage du défunt, tous des amis de longue date, s’interroge sur un rituel lié à la mort de leur proche. « Dans ces conditions, on tombe dans toutes sortes d’excès », souligne Sylvie Moreau. TRAHISON Parmi les sentiments qui ressortiront de cette pièce, la trahison est dominante.
« Il y a beaucoup de mensonges autour de cette mort », confie-t-elle.
Patrick, un des amis de Dave, impliqué dans l’accident mortel, cherche à sauver les apparences en mentant à ses amis sur la cause réelle du décès. Hypocrisie, mensonge et lâcheté seront au rendez-vous.
Quant à la conjointe, Michèle, elle aura, elle aussi, toutes les raisons de se sentir trahie par l’homme qu’elle aimait. NIHILISME
Il sera également question des valeurs et des croyances qui sont disparues. Plusieurs personnages qui font dans le nihilisme ne croient malheureusement plus à rien.
« Il y a un vide sidéral, fait remarquer Sylvie Moreau. Nous sommes dans la perte de sens au niveau du sacré. »
On souhaite montrer qu’un déséquilibre peut survenir lorsque les valeurs fondamentales sont inexistantes. Les personnes les moins bien outillées tomberont dans la perversion, désormais incapables de distinguer entre ce qui est bien et ce qui est mal. Par ailleurs, la pièce de Sylvie Moreau,
Dans la tête de Proust, qu’elle avait ellemême écrite et mise en scène en 2017 fait présentement l’objet d’une tournée au Québec jusqu’en mars. On peut également voir la comédienne au petit écran dans les séries, L’Heure Bleue et Madame Lebrun.