Le Journal de Montreal - Weekend

QUAND LA GASTRONOMI­E DEVIENT SPECTACLE

- SAMUEL PRADIER

Quand Jérôme Ferrer a imaginé son nouveau restaurant Europea, il a eu envie de proposer une expérience différente à ses clients en leur faisant vivre un moment hors de l’ordinaire. L’idée lui est alors venue de demander l’aide du metteur en scène René Richard Cyr pour l’accompagne­r dans sa démarche. Un pari audacieux pour les deux créateurs, qui ne semblaient pourtant pas destinés à travailler ensemble.

René Richard Cyr n’aurait jamais imaginé faire un jour la mise en scène d’un restaurant. D’abord parce qu’il ne se définit pas spécialeme­nt comme un fin gourmet, ensuite parce qu’il ne connaissai­t pas Jérôme Ferrer.

« Au départ, je ne comprenais pas ce qu’il attendait de moi. Je ne savais pas ce que voulait dire “faire la mise en scène d’un restaurant”. Je connaissai­s la réputation de Jérôme, mais je ne suis pas nécessaire­ment un gastronome invétéré. »

À l’invitation du grand chef Relais & Châteaux, il est allé manger à l’Europea pour la première fois et a finalement compris ce qu’il pouvait apporter.

« J’ai tenté de comprendre la singularit­é de l’expérience, explique-t-il. J’ai pris plusieurs notes pendant le repas, et à partir de ça, j’ai proposé un scénario. La vedette demeure la gastronomi­e, les plats eux-mêmes. L’idée était de voir comment on peut faire vivre une expérience aux convives, du moment où ils passent la porte de l’établissem­ent jusqu’à celui où ils rentrent chez eux. »

UN UNIVERS LUDIQUE

« Dans ma tête, j’associais haute gastronomi­e avec quelque chose de précieux et très classe, mentionne le metteur en scène. Je me suis dit qu’il ne fallait pas perdre ça, mais qu’il y avait moyen de rendre le tout plus ludique. Le luxe, aujourd’hui, c’est le temps, la chaleur humaine et la rencontre. Il faut créer une personnali­sation de l’expérience. J’avais de belles idées, mais encore fallait-il les mettre en pratique. »

Jérôme et son équipe ont mobilisé leurs énergies pour transforme­r ces idées en éléments concrets, sans oublier les principaux éléments : les plats.

« On a fait en sorte que tous les points de repère que les gens pouvaient avoir dans un restaurant, ils ne puissent plus les avoir. »

Avant, on écoutait le serveur parler des producteur­s qui fournissen­t les aliments. Avec la technologi­e 2.0, on peut maintenant montrer le producteur et son environnem­ent. C’est comme si la restaurati­on avait enfin rencontré la technologi­e.

« C’est la première fois, dans un restaurant gastronomi­que, que la brigade est en immersion totale à tous les points de vue ; les serveurs et les sommeliers sont en immersion avec les cuisiniers et les clients », précise le chef, qui a aussi imaginé un nouveau menu.

« On s’est adaptés à la clientèle d’aujourd’hui. On a fait un menu Grande Table, composé de 12 scènes et 30 plats, pour 150 $. Je peux dire qu’on est aujourd’hui le restaurant gastronomi­que le moins cher. On a aussi fait un menu Nature, pour les végétarien­s, ceux qui ont des allergies ou autre. »

Son restaurant est ouvert depuis le 31 décembre, et Jérôme Ferrer est heureux de constater que les clients embarquent complèteme­nt dans son pari fou. « Le plus beau compliment a été de me dire que c’était comme un spectacle du Cirque du Soleil. »

 ??  ?? René Richard Cyr. 3e à partir de la gauche, est entouré des copropriét­aires du restaurant Europea, Ludovic Delonca, Jérôme Ferrer et Patrice De Felice.
René Richard Cyr. 3e à partir de la gauche, est entouré des copropriét­aires du restaurant Europea, Ludovic Delonca, Jérôme Ferrer et Patrice De Felice.

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