Le Journal de Montreal - Weekend

FOCUS SUR LE MILIEU AGRICOLE

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante@quebecorme­dia.com

Nous sommes de plus en plus soucieux et intéressés par le contenu de notre assiette. Éleveurs, agriculteu­rs et producteur­s prennent donc de plus en plus d’importance dans nos décisions de consommate­urs. Parallèlem­ent, ceux-ci font face à des défis croissants. C’est un milieu mis de l’avant sous toutes sortes de formes actuelleme­nt sur nos ondes, qu’on tente de dépeindre avec le plus de justesse possible, question de le connaître mieux ou de s’y sensibilis­er. Après tout, les agriculteu­rs sont à la base de tout !

EN FICTION

Parfois pour des raisons historique­s, parfois pour illustrer une réalité rurale qui est la nôtre, quelques séries et téléromans à succès ont campé leur intrigue au coeur du milieu agricole. Pensons à Rose-Anna dans Le temps

d’une paix (toujours en reprise sur ARTV) de Pierre Gauvreau, qui vivait sur une ferme. Pensons aussi à la famille Galarneau dans L’héritage de Victor-Lévy Beaulieu. Tout récemment, 5e rang du tandem Sylvie Lussier-Pierre Poirier débarquait sur nos ondes. « On sent présenteme­nt un intérêt pour le domaine agricole, mais dans notre cas, ce n’était pas une volonté réfléchie, affirme l’auteure Sylvie Lussier. Pierre a grandi sur une ferme où on élevait la volaille, mais notre envie était plutôt de sortir de la ville, d’illustrer une autre réalité. Puis on a eu un flash : qu’arriverait-il si un fermier était retrouvé mort, mangé par ses cochons ? C’est une bonne façon de faire disparaîtr­e un corps ! »

Ils ont donc donné vie à une femme forte qui dirige une ferme porcine bio, puis ils ont fait des recherches pour rendre le contexte crédible. « Nous avons rencontré plusieurs éleveurs, des femmes à la tête d’entreprise­s bio en Montérégie, notamment. »

On y comprend rapidement les enjeux économique­s, les défis pour la quête d’un bon produit, l’implicatio­n familiale, mais aussi une certaine dualité entre une façon de faire plus traditionn­elle et une autre plus avant-gardiste, source de conflits entre les personnage­s interprété­s par Maude Guérin et François Papineau. « C’est un milieu de gens admirables, extrêmemen­t dévoués, qui soutiennen­t tous le Québec sept jours sur sept de façon presque anonyme. On ne fait pas de l’éducation, le but de l’histoire est de divertir, mais il est évident que certaines de nos préoccupat­ions transgress­ent. »

EN AFFAIRES PUBLIQUES

La semaine verte est un cas exceptionn­el. L’émission qui aborde les questions d’environnem­ent et d’agricultur­e en est à sa 48e année. « À l’époque, l’émission relevait de la télévision générale et avait le mandat de faire le portrait de la vie en campagne, explique Hélène Leroux qui en est la rédactrice en chef depuis 10 ans. Nous relevons depuis plusieurs années des affaires publiques,

La semaine verte est donc devenue une émission qui questionne. On y véhicule moins l’image bucolique, mais on s’adresse à un large public soucieux de la gestion du vivant et de l’environne-

ment. Et on voit l’intérêt grandissan­t quand on aborde des questions d’aliments génétiquem­ent modifiés, de développem­ent des pesticides/herbicides, du bien-être animal, de la gestion des forêts, des pêches. Tout ça a une incidence sur l’avenir. C’était certaineme­nt un discours marginal dans les années 70, mais aujourd’hui c’est immensémen­t àlamode!»

Les sujets chauds de l’actualité y sont souvent décortiqué­s. « Certains sujets peuvent prendre jusqu’à un an de recherche. C’est une émission importante pour le milieu agricole, mais qui s’adresse d’abord au grand public afin de lui donner les clés pour mieux le comprendre. C’est une émission unique non pamphlétai­re et sans prise de position. » Et qui a su s’adapter à l’évolution rapide du milieu.

EN MAGAZINE

Le producteur Jacques Fortin et la réalisatri­ce Guylaine Laframbois­e planchent sur Arrive en campagne, dont la 4e saison animée par Stefano Faita sera diffusée au printemps à TVA.

« Un jour, un réalisateu­r m’a demandé comment s’habiller pour aller tourner sur une ferme, évoque Guylaine. Je me suis rendu compte que peu de gens avaient accès à ce milieu-là. Un rapport récent a montré que pour beaucoup d’enfants, le lait vient de l’épicerie ! »

C’est comme ça que la volonté d’emmener une famille urbaine sur une ferme pendant 48 h, un concept d’Arrive

en campagne, est née. Ici, c’est une vitrine pour les agriculteu­rs choisis. « Rien n’est scripté, explique Jacques, on embarque dans le workflow. Et je vois qu’en 20 ans, la perception qu’on a du milieu s’est améliorée. C’est un beau milieu. Ce sont les gens qui nous nourrissen­t. »

Le tandem travaille depuis 21 ans à nous faire connaître le milieu agricole, d’abord avec l’émission Cultivé bien élevé (1999-2005 à Télé-Québec) puis avec

Par-dessus le marché pendant 11 ans. « Le milieu agricole s’est émancipé », indique Jacques Fortin. « L’agricultur­e est valorisée maintenant, confirme Guylaine Laframbois­e. Les agriculteu­rs font des études, développen­t l’entreprene­uriat et sont aussi conscients des questions de bien-être animal, d’environnem­ent. »

À noter, Arrive en campagne fait des petits. Une version française devrait voir le jour sous peu et créer ici un pont avec le milieu agricole qui a besoin de soutien. Une production canadienne est aussi en pourparler­s.

EN TÉLÉ-RÉALITÉ

L’amour est dans le pré entame sa 7e saison. Ce format campé dans le monde rural a fait 9 couples et 16 bébés (et deux autres à venir). Bref, la télé-réalité la plus efficace pour la recherche de l’amour. « Les agriculteu­rs représente­nt des valeurs traditionn­elles et de la stabilité, observe Martin Métivier qui en est le producteur. Ils sont sérieux dans leur démarche. » Mais le portrait qu’on y dépeint est-il conforme à la réalité, surtout quand il est question de séduction ? « La ferme, c’est le contexte, le décor, les valeurs.

« Il faut bien distinguer vie de campagne et vie agricole. D’ailleurs, quand on rencontre les candidats(es) en audition, on doit les challenger et parler des défis qui les attendent, dont les grandes périodes de récolte ou de production, le fait d’être tributaire de la météo, le stress face aux maladies qui pourraient toucher des troupeaux. Plusieurs trouvent ça cute, mais ce sont des métiers très durs. La question animale fait aussi partie du questionna­ire : Coco est bien beau, mais il s’en va à l’abattoir !

« À l’émission, on ne fait pas de mise en scène. D’ailleurs, les agriculteu­rs qui se prêtent au jeu doivent prévoir de la maind’oeuvre supplément­aire, car s’ils passent 12 heures par jour aux champs, là ils sont 12 heures avec nous en tournage pendant quatre jours. Sinon, nos activités sont intimement liées à leur quotidien, la traite des vaches par exemple. On tourne en automne, donc on vit au rythme de ce qui doit se faire à ce moment-là. »

Évidemment, les grands enjeux n’y sont pas abordés ici. « On mise sur les rencontres, ce qui n’est pas facile à l’ère des réseaux sociaux. Par contre, l’émission permet de nous sensibilis­er à leur réalité. C’est un milieu qui évolue beaucoup. La nouvelle génération veut que le travail soit plus efficace ; ils ont développé des connaissan­ces, recherchen­t de meilleures conditions, sont soucieux de la génétique. Ça teinte qui ils sont. » Et ils nous laissent généreusem­ent entrer chez eux.

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 ??  ?? La semaine verte
La semaine verte
 ??  ?? 5e rang
5e rang
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 ??  ?? Arrive en campagne
Arrive en campagne
 ??  ?? L’héritage
L’héritage
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Le temps d’une paix
 ??  ?? Christian, L’Amour est dans le pré
Christian, L’Amour est dans le pré
 ??  ?? Anthony, L’Amour est dans le pré
Anthony, L’Amour est dans le pré
 ??  ?? Kathleen, L’Amour est dans le pré
Kathleen, L’Amour est dans le pré
 ??  ?? Julien, L’Amour est dans le pré
Julien, L’Amour est dans le pré
 ??  ?? Devin, L’Amour est dans le pré
Devin, L’Amour est dans le pré

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