Le Journal de Montreal - Weekend
NICOLE KIDMAN TOUCHE LE FOND
Dans ce drame policier de Karyn Kusama, Nicole Kidman incarne une policière au bout du rouleau.
Les yeux bleus de l’affiche sont les siens et Destroyer s’ouvre sur un gros plan de son visage. Erin (Nicole Kidman, quasi méconnaissable) est dans sa voiture. Elle vient de se rendre sur les lieux d’un crime. Alcoolique, les yeux cernés, vides, elle examine le cadavre au grand dam de deux collègues affectés à l’enquête. Par contre, ce qu’elle découvre sur le corps lui permet d’apprendre que Silas (Toby Kebbell), son ennemi, est de retour.
Pour nous faire comprendre les tenants et aboutissants de cette intrigue, les scénaristes Phil Hay et Matt Manfredi se servent et abusent de retours en arrière. On y voit une Erin moins amochée par la vie. On y fait la connaissance de Chris (Sebastian Stan), son ex, de qui elle est tombée amoureuse en infiltrant le gang dont Silas est le chef.
Les allers et retours parviennent, de manière surprenante, à exacerber le sentiment de claustrophobie qu’éprouve le spectateur. La vie d’Erin, quel que soit le moment auquel on l’observe, est un cul-de-sac, de mauvaises décisions et d’occasions ratées. À dessein ou non, elle n’est entourée que de personnes glauques à souhait, y compris sa fille (Jade Pettyjohn), tombée sous la férule d’un homme peu recommandable.
BIEN, MAIS SANS PLUS...
Même si le long métrage est une sorte de casse-tête patiemment assemblé par la cinéaste, on ne sait que trop bien – et ce, fort rapidement – que toute cette histoire se terminera à l’américaine, avec rédemption et sacrifice à la clé.
Nicole Kidman est considérablement enlaidie pour les besoins de ce rôle. Au contraire de son éblouissante prestation dans Les heures, où elle incarne Virginia Woolf (ce qui lui a d’ailleurs valu un Oscar), son Erin ne parvient jamais à nous habiter.
On a l’impression, pendant les 123 minutes de Destroyer, que Karyn Kusama tient à maintenir une distance entre le public et les personnages, comme s’ils ne constituaient qu’une allégorie. Malheureusement, on peine à trouver un message sous-jacent profond, si bien que le film s’avère un polar psychologique ni meilleur ni pire que d’autres du même genre.