Le Journal de Montreal - Weekend
DES COSTUMES GRÂCE À IKEA !
Au cours de sa carrière, la costumière Jenny Beavan a aidé à ancrer bon nombre d’univers imaginaires dans la réalité. Nommée 10 fois aux Oscars et récipiendaire de deux statuettes – dont une pour Mad Max : La route du chaos – elle a oeuvré sur les vêtements époustouflants du film Casse-Noisette et les quatre royaumes. En entrevue, elle détaille sa démarche et dévoile même quelques secrets.
« C’est le scénario qui prime, c’est sur lui que je m’appuie en premier lieu », répond-elle lorsqu’on lui demande de détailler sa méthodologie de travail et la manière dont elle commence à appréhender les personnages qu’elle habillera.
Réinvention du ballet du même nom, Casse-Noisette et les quatre royaumes est une adaptation de Casse-Noisette et
le Roi des souris, conte d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann paru en 1816 et dans lequel une jeune fille, Clara Stahlbaum (Mackenzie Foy), découvre un monde imaginaire dont sa mère décédée était reine.
« Bien sûr, j’avais vu le ballet enfant et je me souviens encore de l’excitation que j’avais ressentie ! Dans ce cas précis, lorsque j’ai reçu le scénario, le chef décorateur avait déjà commencé à travailler sur des décors et avait imaginé les grandes lignes de l’univers. J’ai décortiqué tous les personnages et j’ai regardé attentivement leur signification. »
TERRE DES BONBONS
Son inspiration, quel que soit le projet, lui vient de toutes les sphères imaginables, y compris les sphères les plus surprenantes ! « J’ai regardé de l’art moderne, plein de choses différentes. Pour Casse-Noisette, avant même de me concentrer sur Clara, je me souviens que je me suis penchée sur les différents royaumes. » En effet, la jeune héroïne découvrira la Terre des Bonbons, la Terre des Fleurs, la Terre des Flocons de neige et le Quatrième royaume.
« J’ai immédiatement plongé dans le personnage du Roi des souris et la Terre des Bonbons. Je me suis posé toutes sortes de questions en me demandant comment nous pouvions construire des fleurs en bonbons, quel tissu utiliser, etc. Je voulais développer un aspect très différent pour chacun des royaumes », dit-elle.
PRÉOCCUPATION DU PUBLIC
Jenny Beavan précise qu’elle avait carte blanche. Elle n’a jamais senti de censure ou de limites à ce qu’elle pouvait imaginer. « Je me sentais très libre dans cet univers, après tout, c’est un monde fantastique. Mais l’histoire se déroule dans les années 1870. Je ne crois pas qu’on puisse totalement faire abstraction de la période dans laquelle se déroule une histoire, on a toujours besoin d’une époque dans laquelle ancrer les costumes. Je pense également que tous les personnages des royaumes imaginaires viennent de l’imaginaire de la mère de Clara et s’inspirent de ce qu’elle possédait comme jouets et accessoires. J’ai utilisé beaucoup de tissus très modernes, très peu chers et très vulgaires », ajoute-t-elle.
ASPECT MODERNE
En se souciant de donner à des vêtements du XIXe siècle une apparence résolument moderne, Jenny Beavan a utilisé énormément de trucs et astuces, parfois étonnants.
« Notre budget n’était pas royal, tant s’en faut. Un budget limité n’est pas nécessairement une mauvaise chose, car cela force à se dépasser, à aller hors des sentiers battus et à être créatif. »
Sentant qu’elle pouvait laisser libre cours à son imagination, la costumière a décidé de donner à la robe du couronnement de Clara un aspect lumineux.
« Nous avons utilisé des guirlandes de Noël de chez Ikea que nous avons cousues dans le tissu, raconte-t-elle. Le département des effets spéciaux lui a ensuite donné un éclat particulier. »