Le Journal de Montreal - Weekend
EN AMOUR AVEC LE TERRITOIRE
Lutter pour le territoire : quel beau titre ! Qui dit lutter pour le territoire dit nécessairement amour du pays, amour de ceux qui y habitent et luttent.
Or, ça va mal un peu partout sur la planète, et le Québec n’y échappe pas. Notre environnement qui a fait ce que nous sommes aujourd’hui est menacé par l’insouciance des uns et l’appétit sans scrupule des autres. Les enjeux sont d’ordre essentiellement géographique, nous dit l’auteur qui plaide pour un renouveau dans l’enseignement de cette discipline : « Nous n’avons jamais eu autant besoin de comprendre le territoire, les rapports de pouvoir liés à l’espace et les dynamiques que nous entretenons avec l’environnement. » La géographie peut donc devenir un instrument de changement radical dans cette mouvance à l’échelle planétaire et influer sur nos habitudes de vie.
La crise climatique que nous connaissons aujourd’hui : hausse des températures et canicule, pollution excessive causant des milliers de décès, disparition de certaines espèces animales, apparition de moustiques pouvant occasionner de graves maladies, inondations, etc., n’est pas apparue du jour au lendemain. Elle a ses causes.
Et ne pensons pas que cela se passe dans la cour du voisin.
EXTRACTIVISME
Au Québec, nous dit le géographe, « nous avons l’extractivisme tatoué sur une fesse ». Exploiter nos ressources naturelles nous a toujours semblé comme allant de soi. Remettre en question ce principe serait vouloir revenir à l’âge de pierre, allègue-t-on. Et de passer en revue notre courte histoire, de Jacques Cartier aux années 1980, avec ses hauts et ses bas. Plus ça change, plus c’est pareil, semble dire Massé.
Dans l’industrie forestière, par exemple, malgré les belles promesses du gouvernement, l’État continue à financer la dépossession de ses forêts, à perte. Année après année, « le gouvernement québécois dépense plus dans l’industrie qu’il ne retire des redevances […]. Pire encore, tous les frais liés aux désastres causés par l’industrie avant 1986 (pensons à la replantation) sont désormais assumés par l’État, et donc par la collectivité. » Le portrait qu’il peint de l’industrie minière n’est guère mieux, sinon pire.
L’auteur rappelle que si le premier ministère de l’Environnement a vu le jour en 1979, avec Marcel Léger à sa tête, six ans plus tard, sous le gouvernement Bourassa, sera créé le premier ministère de la Privatisation ! On entrait alors en pleine période de néolibéralisme, avec le démantèlement des acquis de la Révolution tranquille. Résultat : plus de pauvreté, précarité pour les nouvelles générations et destruction environnementale accélérée. Le Québec, quoi qu’on pense, est au coeur du nouvel ordre mondial, en raison de ses frontières au sud, avec les États-Unis et le fleuve Saint-Laurent (l’une des plus importantes réserves d’eau potable au monde) et au nord, avec le dégel des eaux arctiques, passage convoité, entre autres, par la Chine.
HISTOIRE AGITÉE
L’auteur, coordonnateur du Réseau québécois des groupes écologiques (RQGÉ), retrace l’histoire agitée du mouvement écologiste au Québec et ses différentes mouvances, dont l’écologisme radical. Ce dernier volet est surtout formé de militants anarchistes et certaines de leurs actions ont connu un écho dans la grande presse, comme celle d’Extinction Rébellion.
Force est de constater que ces mouvements sociaux et regroupements écologistes ont changé notre façon de voir notre territoire et son développement. Mais beaucoup plus, ils ont empêché, dans bien des cas, le pire de se produire. Qu’on pense au nucléaire, au transport des hydrocarbures sur notre territoire, à l’inversion de la ligne 9B, au port méthanier de Cacouna, au moratoire sur les gaz de schiste, à la protection de notre faune, etc. Leurs revendications sont devenues les nôtres, et non pas seulement de Québec solidaire.
Cet essai nous donne le goût de mieux protéger notre territoire québécois.