Le Journal de Montreal - Weekend
L’OCCASION DE SE RÉINVENTER
L’arrivée du télétravail dans sa vie de tous les jours, Arnaud Granata l’a vécue en accéléré. Tout comme la transformation de l’entreprise Infopresse, dont il est le président, à 39 ans.
Car en raison de la COVID-19, il lui a fallu dire adieu aux formations physiques et aux rencontres avec les gens, mais surtout bonjour aux formations et conversations en ligne.
INITIATIVES SALUTAIRES
Inévitablement, la gestion des équipes a grandement changé. Et ce fut tout un choc. « Personne n’était préparé à ça, reconnaît Arnaud Granata. On a dû apprendre à briser les silos, la hiérarchie. »
Les adaptations ont évidemment été nombreuses. « Ce qui a été très difficile au début, ç’a été de ne pas se voir, de se dire qu’on a une équipe, mais qu’on n’est jamais ensemble alors qu’on passait nos journées ensemble à réfléchir à des idées, à faire des réunions. »
Par contre, de nouvelles idées et façons de faire ont germé dans la tête des employés, comme les capsules gratuites que publie régulièrement Infopresse sur Facebook. « Ç’a amené des gens à l’interne à se mettre tout de suite en mode solutions. On s’est vraiment laissé porter par l’équipe. »
DÉBUTS ÉPROUVANTS
Or, avant d’en arriver à des résultats positifs chez Infopresse, Arnaud Granata confie ne pas l’avoir eue facile.
« Le premier mois, ç’a été très difficile parce que ç’a été très déstabilisant. Même si on n’arrête pas de parler de gestion de changement, quand ça arrive pour vrai, de façon aussi drastique, on est complètement bouleversé. Avec le temps, j’ai trouvé une zone : m’installer à la maison, aménager des heures de travail, faire une coupure entre la vie personnelle et la vie professionnelle parce que sinon, tu ne t’arrêtes jamais. Aujourd’hui, j’ai réussi à trouver une forme d’équilibre. »
Il a aussi fallu faire preuve de flexibilité pour les employés confinés. « Le télétravail, on s’est rendu compte que c’était plus difficile pour des jeunes qui sont seuls parfois – le bureau, c’est une façon de socialiser – ou qui se retrouvent dans de petits appartements ; certains sont en colocation. [...] Encore différent, on a beaucoup de mères de famille dans nos équipes ; travailler à la maison avec des enfants derrière, sept heures par jour, c’est impossible. »
MODIFIÉ À JAMAIS
À cette flexibilité s’est ajoutée l’importance de savoir recommencer quand le résultat n’est pas à la hauteur des attentes.
« M. Legault dit souvent qu’on construit l’avion à mesure qu’on le pilote. Je dis souvent aux équipes qu’on est en train d’apprendre en le faisant. Le côté essais et erreurs n’a jamais été aussi fort qu’en ce moment. »
S’il se montre confiant quant à l’avenir de l’industrie professionnelle, Arnaud Granata insiste tout de même sur l’adaptation dont devront faire preuve beaucoup de gestionnaires.
« Je ne pense pas qu’on va revenir à ce que c’était avant la crise de la COVID. Je ne pense pas que les gens vont retourner au travail faire du 9 h à 17 h, du lundi au vendredi, et je ne m’attends pas à ça. Il va falloir que les entreprises soient encore plus flexibles dans la façon de gérer et même celle de concevoir leurs produits. Ça va changer pour longtemps, à mon avis. »