Le Journal de Montreal - Weekend
La frustration face aux mesures sanitaires
Si, face à la pandémie, les règles de santé publique ont évolué avec le temps, celles-ci sont toutefois généralement claires, que l’on pense au couvre-feu de 20 h, au port du masque, ou encore aux rassemblements interdits qui ont été observés récemment da
À LA FOIS UNIS… ET DIFFÉRENTS DEVANT LA COVID-19
Quels que soient le contexte, la situation ou la société dans laquelle nous vivons, chaque individu est un être humain distinct. Si certaines de ces singularités sont visibles sur le plan physique, d’autres sont moins perceptibles, mais sont fondamentales.
Qu’il soit heureux ou malheureux, devant un même événement nous réagirons tous différemment. D’abord, parce que nous ne pensons pas de la même façon, sans compter que notre compréhension des choses et notre manière de traiter l’information varient beaucoup d’une personne à l’autre. Alors que certains saisissent et analysent tout très vite, d’autres ont besoin de temps pour réfléchir et analyser cette même information. Nous sommes aussi différents dans nos niveaux de confiance en l’autre et en nos dirigeants, tout comme nous sommes différents dans nos besoins d’être encadrés ou libres de nos actions.
Et ce ne sont pas les seules caractéristiques qui font en sorte que les réactions peuvent être diamétralement opposées devant une même contrainte, un même règlement, ou une crise comme cette pandémie. À toutes ces différences, il faut ajouter notre âge, notre état de santé, notre capacité à anticiper les choses, notre impulsivité, notre capacité à gérer le risque, autant de facteurs qui viendront modifier nos comportements. Dans le contexte actuel, on pourrait mieux comprendre un adolescent débordant d’énergie et en parfaite santé qui se comporterait différemment d’une personne âgée aux prises avec une grave maladie, par exemple.
Il ne faut pas non plus négliger les facteurs extérieurs. Si certaines personnes ont pu faire preuve de patience, de détermination ou d’imagination au début de la pandémie, sans doute que d’autres n’ont plus la même résilience dix mois plus tard. Car il est aussi normal d’éprouver aujourd’hui fatigue, colère ou découragement. Pensons aussi à ceux qui ont perdu un être cher, ou qui ont perdu leur emploi, qui ont vécu une séparation ou des conflits au sein de leur famille. Tous ces événements ne sont pas sans conséquence.
TENTER UN DIALOGUE… AVANT DE CONDAMNER
Devant des comportements rebelles face aux consignes sanitaires, la tentation est forte de jeter la pierre aux récalcitrants. Essayons d’éviter les jugements, car il est généralement beaucoup plus constructif de tenter d’établir un dialogue. Les réactions d’un proche vous apparaissent peut-être plus difficiles à comprendre ou disproportionnées, mais elles ne viennent pas de nulle part pour autant. Vous pourriez ainsi lui demander d’expliquer calmement ses perceptions, sa compréhension des informations reçues et de la situation, et écouter tout cela avec bienveillance afin de rendre possible un réel partage d’idées.
Que nous ne réagissions pas tous de la même façon ou que notre comportement change au fur et à mesure qu’évolue une situation particulière prouve une chose rassurante : nous ne sommes pas des automates ! Notre capacité de penser et d’agir fait de nous des êtres uniques, capables de prendre des décisions, d’accomplir de grandes choses, de se dépasser. Mais cette même humanité fait aussi en sorte que la perception, les sentiments et la réalité seront uniques à chacun, et que certains pourront vivre une fatigue physique et psychologique intense, et à plus forte raison durant une situation aussi exceptionnelle qu’une pandémie. Cette fatigue intense constitue souvent un signal fort ; il faut alors savoir ralentir, prendre soin de soi, ou demander de l’aide.
Depuis mars dernier, nos capacités d’adaptation ont été mises à rude épreuve. Ne soyons pas trop sévères envers nous-mêmes, et évitons de l’être envers autrui.