Le Journal de Montreal - Weekend

TROIS ÉCORCHÉS DE LA VIE SE DÉVOILENT

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Christian Tétreault fait le portrait de trois écorchés de la vie rencontrés pendant son propre séjour dans une maison de thérapie dans son nouveau livre, Bums .Ilraconte la vie, les frasques et la rédemption de Ti-Gars, Rusty Cat et Jeep… trois individus qui n’ont pas eu la vie facile. Trois gars qui en ont vu de toutes les couleurs, et qui se sont ouverts à lui en toute confiance.

La vie des trois hommes auxquels Christian Tétreault s’est intéressé n’a pas été de tout repos. Ti-Gars a perdu son père à l’âge de 14 ans et sa vie a été ensuite un engrenage de mauvais coups et de fréquentat­ions louches. Rusty Cat a laissé l’école pour entrer dans les gangs de rue et se perdre dans la consommati­on d’alcool et de cocaïne. Jeep a grandi dans les bas-fonds avant de sombrer dans l’enfer du jeu.

« Moi, ce que j’aime, ce qui fait battre mon coeur, ce qui fait que j’ai de l’intérêt, c’est les personnes qui sont un peu marginales. C’est l’humain qui m’intéresse », commente Christian, en entrevue.

« Je trouve que les bums sont des gens intéressan­ts parce que ce sont des gens à qui on ne donnait pas grand chance, à qui on a mis des bâtons dans les roues. À qui on a dit, tu ne pourras pas faire ceci ou cela, tu vas t’en aller presque sur le bord du précipice, mais tu vas réussir à revenir. Il y a des gens qui ont une vie intéressan­te, captivante, qui ont dû faire preuve de créativité, de résilience, qui sont des street smarts .»

L’auteur aime voir comment ces personnes arrivent à déjouer les pronostics. « Au bout de la ligne, ils ont réussi, ces trois-là, réussi à atteindre quelque chose qu’on vise tous : être heureux. Et être quelqu’un, pour quelqu’un d’autre. Souvent, les bums qui réussissen­t àse dé-bumiser – mais il reste toujours un fond –, ce sont des gens qui ont toute mon admiration. »

Christian a rencontré Ti-Gars, Rusty Cat et Jeep lors d’un séjour de trois semaines dans la maison de thérapie Pierre-Péladeau, où il a lui-même soigné une dépendance à la vodka.

« Je suis allé en thérapie à l’âge de 64 ans. Trois semaines d’une très grande intensité. Ces gens qui ont un vécu formidable, intéressan­t, ont su que mon métier, c’est d’écrire. J’étais tombé sur une talle incroyable ! »

Il dit être un « collection­neur d’âmes humaines ». « J’aime les gens qui ont du vécu, et en maison de thérapie, j’en ai rencontré plein. J’en ai isolé trois, parce que je trouvais que les trois étaient différents les uns des autres. »

« Je m’étais attaché émotivemen­t à chacun de ces trois-là et je le suis encore aujourd’hui. Ce sont encore trois amis, ces gars-là. Je savais qu’ils avaient confiance en moi. Je savais qu’en me présentant, un jour, avec mon magnétopho­ne, il n’y aurait aucune censure. »

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