Le Journal de Montreal - Weekend
LE NOUVEAU CODE QUÉBEC
En 2016, l’essai Le Code Québec, piloté par Jean-Marc Léger, devenait un formidable succès en librairie avec ses 60 000 exemplaires vendus. De plus, il attirait l’attention du producteur télé qu’est aussi Charles Lafortune. Aujourd’hui paraît une édition bonifiée du best-seller avec, à la clé, une émission animée par Dave Ouellet, à Télé-Québec.
« À Marcel Léger, mon père, mon associé, mon ami et mon héros. » Ainsi son fils, Jean-Marc, dédicace-t-il son ouvrage. « Mon père a quitté la politique en 1985. On a fondé l’entreprise Léger tout de suite après, parce qu’on voulait travailler ensemble, rappelle-t-il. Deux de mes soeurs y travaillaient aussi. On a bâti une entreprise familiale qui est devenue nord-américaine. »
La société est passée de rien à 600 employés répartis dans huit bureaux en Amérique du Nord. « Et nous sommes toujours en croissance ! » précise le spécialiste en sondages et marketing.
En 2016 paraissait donc Le Code Québec, écrit par Jean-Marc Léger, Jacques Nantel et Pierre Duhamel. Il en fait la genèse : « Jusqu’alors, avec Les 36 cordes sensibles des Québécois, Jacques Bouchard avait été le seul à avoir écrit un livre pour définir l’identité québécoise. Il m’avait demandé d’écrire la suite avec lui, mais il est décédé entre-temps. Ça m’a pris 35 ans pour cumuler toutes les découvertes qu’on a faites sur le Québec. »
On répondait alors à la question : «Qui sont les Québécois? » Dans cette réédition, on va plus loin et on se demande : « Où allons-nous? » « On a des chapitres sur les milléniaux et la génération Z pour être capable de comprendre les sept différences qui caractérisent les Québécois, et vérifier si elles existent encore auprès de la jeune génération. Le livre nous donne une perspective beaucoup plus large. »
C’est son fils Philippe qui s’est chargé de cet aspect, Jacques Nantel et Pierre Duhamel se voyant confier d’autres mandats pour mener à bien cet ambitieux projet. « On l’a écrit à huit mains. »
UNE GÉNÉRATION DE GAGNANTS
Le Québec couvre un territoire extrêmement vaste, mais on note sept points communs qui caractérisent sa population. Pour le meilleur et... pour le pire ! « Il y a trois facteurs positifs : nous sommes fondamentalement heureux, créatifs et fiers. Quant aux aspects négatifs : nous sommes des victimes, nous avons un esprit villageois et nous ne prenons jamais position. Le septième point est neutre : il ne faut pas qu’il y ait de chicane. C’est un réflexe de peuple minoritaire. »
Pour illustrer cet état de fait, il ajoute en riant : « Dans un sondage, quelqu’un m’a déjà répondu : “Je ne suis plus certain si je suis encore indécis.” »
Le fruit de ses recherches lui permet de conclure que l’identité québécoise est définie en parts égales par la culture française, canadienne et américaine, ce qui contribue à faire de nous une société distincte. « Avoir la culture française et la culture anglophone, c’est tout un acquis ! »
N’empêche, en bonne partie en raison de la mondialisation, Jean-Marc Léger constate que les Québécois constituent de moins en moins un peuple distinct. « Il faut s’adapter aux réalités, mais il faut s’affirmer. On a souvent été un peuple de perdants, et la nouvelle génération en est une de gagnants. Le pouvoir est entre les mains des milléniaux, à qui rien ne résiste. On critique les jeunes, mais de façon générale, le Québec évolue bien. »
Comme complément au livre, Télé-Québec propose chaque semaine Code Québec, animée par Dave Ouellet. « À la suite du succès de la première édition, Charles Lafortune (vice-président contenu et création de la maison de production Pixcom, NDLR) m’a appelé avec l’idée d’en faire une émission de télé. Ça a pris quatre ans pour trouver le bon concept. Il m’a proposé de travailler avec Dave Ouellet. Il était le meilleur choix, parce qu’il “connecte” avec les gens. Ceux-ci se confient à lui. Il va voir le vrai monde partout au Québec. L’émission va chercher en émotion ce qu’on a découvert dans le livre. »