Le Journal de Montreal - Weekend
ISABELLE HUPPERT À LA TÊTE D’UN CARTEL
∫ La Daronne Un film de Jean-Paul Salomé Avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, Farida Ouchani
Adaptation du roman éponyme de Hannelore Cayre, le long métrage de Jean-Paul Salomé transforme Isabelle Huppert en baronne de la drogue.
Comédie française, cette Daronne (le mot désigne une mère en argot) met en scène Patience Portefeux, traductrice pour les services de police. Mais voilà, Patience a de petits soucis financiers (le mot est faible), hérités (c’est le cas de le dire) de son défunt mari.
Un jour, elle a une idée, celle de mettre à profit (encore un jeu de mots) sa maîtrise de l’arabe. Et quelle meilleure idée que d’utiliser les informations apprises dans le cadre de ses fonctions pour se hisser à la tête d’une vaste opération de trafic de drogue ?
Ce cadre improbable et amusant étant fixé, l’actrice habituellement sérieuse est plongée dans des situations de plus en plus folles. L’humour de cette espèce de polar abracadabrant vient en grande partie de l’utilisation de clichés peu flatteurs envers les différentes minorités (asiatiques et arabes). On pourrait donc penser ce long métrage très, voire trop, « franco-français ». Mais ce n’est pas entièrement le cas.
En utilisant les situations dans lesquelles Patience est plongée – incluant un flirt avec son collègue Philippe (Hippolyte Girardot) –, La Daronne dresse le portrait psychologique fort intéressant d’une femme confrontée aux problèmes de la vie quotidienne. Entre son mari décédé qui trempait dans des affaires louches et sa mère mourante (Liliane Rovère), dont le passé est plus que trouble, peut-on s’étonner que Patience profite de son travail pour mettre la main sur plus d’une tonne de haschich ?
Cette « daronne » en abaya noire, arborant foulard Hermès et lunettes de soleil surdimensionnées, est une personne d’une intelligence et d’une duplicité redoutables, qui possède néanmoins une moralité qu’on découvre tout au long du film. Seule Isabelle Huppert pouvait donner, par sa simple présence, une profondeur à ce personnage, qui aurait pu facilement tomber dans la caricature.
La Daronne s’impose donc comme un amusement certes léger, mais satisfaisant.
La Daronne arrive sur les écrans dès le 5 mars.