Le Journal de Montreal - Weekend

DANIEL LAVOIE RENOUE AVEC SON INOUBLIABL­E FROLLO

Encore très en forme et en voix, Daniel Lavoie avait choisi, plus tôt ce printemps, de séjourner à Bologne durant les derniers mois d’attente avant d’avoir le feu vert pour reprendre la tournée Notre-Dame de Paris, qui a été finalement annulée par la haus

- ERICK RÉMY Les représenta­tions de Notre-Dame de Paris à la Place des Arts, à Montréal, ont été reportées en août 2022 (placedesar­ts.com). Pour en savoir plus sur les projets de l’artiste : daniellavo­ie.ca.

« Après le succès de Notre-Dame de Paris au Québec, je suis parti avec la distributi­on qui l’a présentée partout en Europe. Ensuite, j’ai fait près de 600 spectacles en anglais à Londres. Après un certain temps, j’en avais un peu ras le bol. En 2001, je suis retourné à Paris pour jouer dans la comédie musicale Le Petit Prince, que j’avais créée avec Richard Cocciante. Puis j’ai fait des albums, des tournées et des films. Un jour, je me suis aperçu que j’avais 68 ans et je me suis demandé ce que j’allais faire de ma vie. Allaisje prendre ma retraite ? Quand le producteur de Notre-Dame de Paris m’a proposé de reprendre mon rôle dans une nouvelle production et une nouvelle mise en scène, j’ai dit oui. Je n’ai jamais regretté ma décision », confie Daniel Lavoie.

A-t-il autant de plaisir à reprendre son rôle soir après soir ? L’interprète de Frollo dit qu’aujourd’hui, contrairem­ent à ses débuts, il a le meilleur sans le pire. « À l’époque, il y avait une folie médiatique. Les fans nous couraient après sans arrêt. Maintenant, c’est beaucoup plus calme. Le spectacle se vend tout seul, et partout dans le monde. C’est très satisfaisa­nt et bon pour l’ego de se faire saluer en Chine, au Liban ou en Angleterre. Dans cette nouvelle production, on ne chante qu’en français, même à Londres où nous avons tenu l’affiche. Je l’ai toujours préférée en français », confie celui qui est pourtant parfaiteme­nt bilingue.

LA DOLCE VITA

Interrogé à savoir pourquoi il a choisi, plus tôt cette année, de séjourner en Italie plutôt que chez lui, auprès des siens, pour attendre l’assoupliss­ement des mesures sanitaires en Asie, Daniel Lavoie explique : « Puisque nous n’avions plus de spectacles à faire, j’ai décidé d’aller chez mon ami Richard Charest, qui incarne Gringoire dans NotreDame de Paris. Nous travaillio­ns sur un projet commun, mais j’y étais aussi pour apprendre l’italien. »

C’est bien modestemen­t qu’il a passé ses jours là-bas, vivant au rythme des Bolognais. « Ce n’était pas la grande vie ni le grand luxe. J’habitais dans un petit appartemen­t, mais j’avais tout ce qu’il me fallait. [...] Je lisais et j’écrivais de la musique tous les jours. Je suivais l’actualité. Je ne connaissai­s pas Bologne, qui est la capitale gastronomi­que de l’Italie. Tout goûte bon ! Moi qui trouvais que j’en avais perdu dans la cuisine, je me suis découvert des talents de cuisinier. Ici, j’ai appris quelle était l’origine du mot farniente : ça veut dire ne rien faire, et j’ai un grand talent pour ça (rires) ! »

L’ÂGE DE RAISON, OU PRESQUE

Arborant une mine radieuse à l’écran de l’ordinateur, l’heureux grand-père de trois petits-enfants – avec lesquels il communique souvent malgré la distance – précise son rapport avec le passage des ans.

« Je suis en paix avec l’idée de vieillir, car de toute façon, c’est la seule façon de vivre longtemps. J’essaie de faire en sorte que les années qu’il me reste soient agréables. La meilleure façon d’y arriver, c’est en y mettant une certaine dose de sagesse. Ma vie n’est pas si mal, mais c’est chiant de vieillir, et personne ne dira le contraire. Cependant, à mon anniversai­re, en mars, j’ai reçu de très nombreux souhaits d’amis de partout dans le monde, et ça, c’est extraordin­aire ! »

UN DERNIER ALBUM ?

L’auteur et interprète d’Ils s’aiment, Je voudrais voir New York et La danse du smatte, entre autres, n’a pas lancé de nouvel album depuis Mes longs voyages en 2016. Il est bien possible qu’il n’en lance pas d’autres.

« J’en ai écrit un durant la COVID. Si je voulais, il serait prêt à être enregistré, mais même pour ceux qui ont beaucoup de succès, c’est devenu une entreprise difficile. Rester actuel, après 20 ans, 30 ans de carrière, ça demande une énergie et un don de soi que je ne suis pas sûr d’avoir encore. Peut-être le ferai-je avec des amis. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada