Le Journal de Montreal - Weekend

NE PLUS EN AVOIR ENVIE

- JULIE PELLETIER Collaborat­ion spéciale

L’imaginaire fécond en matière de sexualité fonctionne souvent à plein régime lorsqu’il est question de supposer une fréquence moyenne (lire normale) de rapports sexuels hebdomadai­res. Deux relations sexuelles par semaine semblent être un chiffre heureux… vraiment ? Et si le lien entre la fréquence dite « normale » et la réalité ne faisait qu’accentuer le sentiment de culpabilit­é ? Alors pourquoi ce chiffre fait-il encore office de référence ? Tentons de comprendre ce manque de désir sexuel…

LA PANNE

Pour qu’une panne de désir sexuel soit vécue comme étant problémati­que, il faut d’abord et avant tout que celle-ci soit identifiée comme telle par les principaux intéressés et que cela occasionne un désagrémen­t plus que temporaire ou passager. Cela semble évident, mais il faut savoir que ce n’est pas toujours le cas. Plusieurs personnes, qui sont bien dans leur vie, bien dans leur lit, ne se remettent en question que parce que d’autres ont soulevé des interrogat­ions – notamment en matière de fréquence ou de « normalité », et que cela les a perturbées au point de s’en sentir déroutées. C’est justement le cas de Lucie (prénom fictif), une lectrice qui souhaite garder l’anonymat : « J’ai toujours été en couple. Mon premier chum, je l’ai eu à 13 ans. C’était du sérieux, du moins, c’est ce que je croyais à cette époque-là ! Il était très gêné et moi aussi. On est restés ensemble jusqu’à nos 21 ans. Pour nous, les relations sexuelles c’était une ou deux fois par année, quand on avait de l’intimité, ce qui n’arrivait quasiment jamais parce qu’on vivait chez nos parents – moi avec trois frères et lui, une soeur malade. J’ai comme réalisé que la sexualité pouvait être bien plus que ça quand je suis partie de chez mes parents pour mes études. On s’est laissés d’un commun accord, avec beaucoup de peine, mais j’avoue que c’était une bonne chose, on avait besoin de vivre d’autres choses. Je n’ai jamais eu de chums qui ont challengé le fait que ma libido était en montagnes russes, ils me suivaient et ce n’était pas problémati­que. Jusqu’à ce que je rencontre Auguste, il y a deux ans. C’est là que tous mes problèmes ont commencé. On s’est retrouvés en thérapie, parce que ça n’allait vraiment plus au lit, nous deux. Dans la vie de tous les jours, c’était OK, mais au lit… un vrai désastre. Et plus c’était désastreux, plus ma libido chutait. Il disait que j’étais la responsabl­e de nos pannes. Après trois mois de thérapie, on s’est laissés, je ne pouvais plus supporter de ne pas me faire respecter. Je ne crois pas que faire l’amour deux fois par semaine, malgré le fait que je n’avais pas envie, était une bonne chose, et c’est la seule chose qui comptait pour lui ».

D’autres personnes nomment des changement­s dans leurs élans sexuels en identifian­t certains facteurs :

√ La prise de médication, la consommati­on de drogue ou d’alcool

√ Une hygiène de vie perturbée

√ Une mauvaise image et/ou estime de soi

√ Des traumatism­es

√ Une éducation sexuelle répressive

√ Des facteurs relationne­ls altérant le bien-être

√…

Puisque l’état de santé (physique, mental, relationne­l…) a un impact important sur le corps, l’esprit et le ressenti, des perturbate­urs peuvent donc aisément y trouver leur place et venir chambouler tout le reste. Les pannes de désir sexuel sont souvent multifacto­rielles, il peut donc s’avérer important de regarder la situation d’une manière globale. Tendre à s’éloigner des dites fréquences normales contribuer­a peut-être à favoriser votre sentiment de bien-être sexuel.

Mais si vous vous retrouvez dans une situation qui a des effets négatifs sur votre vie, n’hésitez pas à aller chercher du soutien et à continuer à frapper à des portes jusqu’à ce que vous obteniez l’aide dont vous avez besoin.

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