Le Journal de Montreal - Weekend
AVANCER EN SE FAISANT DIRE NON
Si certaines personnes ont peur d’essuyer un refus, il en est tout autrement pour l’auteure Annabelle Roberts qui recherche pratiquement les occasions de se faire rejeter en faisant preuve d’audace, puisqu’il s’agit d’une manière de repousser ses limites et de contrer la peur de l’échec. Une belle façon de se propulser vers la réussite.
Originaire de l’Alberta, où elle a grandi dans une famille mormone d’un petit village perdu, et où la discipline et la religion étaient au coeur de son quotidien, Annabelle Roberts n’était certainement pas destinée à devenir une femme d’affaires. Pourtant, à 13 ans, elle avait déjà une vision de ce qu’elle voulait devenir. « Je voulais être une femme qui travaille à New York dans une grande tour, jurant de ne jamais être une femme au foyer », lance-t-elle.
Refusant de vivre une vie dessinée par ses parents, celle de mener une vie de femme au foyer, plutôt bien déterminée à devenir une femme d’affaires indépendante, elle brûlera sa Bible, ses notes de cours de séminaire et son Livre de Mormon devant l’église de son village durant la messe, puis rejetée par sa famille, elle amorcera ensuite des études en communication. Finalement, c’est à Paris qu’elle réussira à lancer son entreprise Present Perfect, une agence de communication spécialisée en prise de parole en public qui compte de prestigieux clients, tels L’Oréal, Louis Vuitton, Cartier et plusieurs autres.
SE PRENDRE UNE VESTE
Mais avant d’en arriver là, elle admettra avoir essuyé de nombreux échecs. « Je voulais mettre sur pied mon entreprise, mais une société sans clients n’est rien d’autre qu’un hobby, un loisir. Et comme j’avais peur d’être rejetée, ça m’a empêché de faire de la prospection », admet l’auteure. Pour y remédier, Annabelle Robert s’est efforcée de se faire rejeter de son propre gré en adoptant un quota de prospection au quotidien, affrontant ainsi la peur de se faire dire non. « J’ai donc volontairement recherché le rejet pour mieux saisir ce frein si handicapant », ajoute-t-elle.
Pour les Français, l’expression « se prendre une veste » signifie se faire rejeter ou se faire dire : non merci. Ainsi, dans son livre, La théorie de la veste, qu’elle a récemment lancé, elle donne une foule d’exemples pour faire grandir son niveau de confiance, surmonter le syndrome de l’imposteur et ne plus avoir peur du rejet. « Nous devons percevoir le rejet comme un apprentissage et un exercice pour surmonter notre peur de l’échec », souligne Annabelle Roberts qui estime que l’audace est un muscle qui peut être entraîné. « Le monde appartient à ceux qui ont de l’audace, et même si votre cerveau veut absolument vous faire croire le contraire, la honte ne tue pas. »
Encore aujourd’hui, la cheffe d’entreprise, qui ne manque pas d’ambition, s’oblige à décrocher trois vestes par jour en semaine et deux le weekend, sachant que plus elle se met en danger, même en risquant de se faire dire non, plus elle aura la chance d’avancer et de décrocher de nouvelles opportunités. « L’idée est de s’entraîner à être fort face au rejet », fait remarquer Annabelle Roberts.
SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT
À part ceux qui ont eu le privilège d’être nés dans un environnement propice au succès, pour les autres, il est essentiel de créer ses propres opportunités. « Si votre ambition est plus grande que votre situation actuelle, il faut utiliser la théorie de la veste pour changer sa situation », plaide l’auteure. « Agrandissez votre réseau de contacts, sollicitez un poste au-delà de celui que vous avez, ou lancez-vous en affaires, surtout, sortez de votre zone de confort, et ayez le courage de vos ambitions. »
Annabelle Roberts suggère également de développer sa créativité. « Sortez dans un quartier qui n’est pas le vôtre, assistez à un concert d’une musique dont vous ignorez totalement l’artiste ou découvrez de nouveaux comptes sur Instagram », propose l’auteure.
Principalement, pour avancer sur le chemin du succès, il faut se sortir des situations que l’on ne veut plus accepter et changer son rapport au rejet et à l’échec. Comme elle le dit si bien, la job de rêve, vous n’allez pas la décrocher en restant sur votre canapé. Il faut oser foncer, quitte à essuyer quelques refus au passage.
« Ce sont les gens ambitieux et créatifs qui souhaitent réussir et qui osent qui finissent par changer le monde », conclut-elle.